Fonds Marianne : l’implication de Marlène Schiappa en question

« Nous sommes sur des questions qui font l’objet d’une information judiciaire. Je n’ai pas l’appui d’un avocat. Il me paraît délicat d’être dans cet exercice sans avoir des garanties minimales de défense et de protection. » Face aux sénateurs de la commission d’enquête sur le fonds Marianne, mercredi 7 juin, l’embarras du préfet de l’Orne, Sébastien Jallet, ancien directeur de cabinet de Marlène Schiappa lorsque celle-ci était ministre déléguée à la citoyenneté, est palpable.

Au lendemain de la démission, à la suite d’un rapport accablant de l’inspection générale de l’administration (IGA), du préfet Christian Gravel de la direction du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), chargée de piloter ce fonds, l’affaire prend une tournure « plus sérieuse que ce que l’on a pu entendre », comme le notait sur Public Sénat le sénateur Jean-François Husson (Les Républicains, Meurthe-et-Moselle), rapporteur de la commission d’enquête.

Elle prend surtout une tournure plus politique, avec une question rémanente : quel rôle a joué Mme Schiappa dans l’attribution des deux plus importantes subventions de ce fonds – créé en 2021 à la suite de l’assassinat terroriste, le 16 octobre 2020, du professeur Samuel Paty – à deux associations méconnues et aux pratiques qui se révéleront plus que douteuses ?

« Une réserve de la ministre »

Le rapport de l’IGA, jugeait que la ministre s’était « effacée du processus, une fois passé le lancement officiel » du fonds, et renvoyait l’essentiel de la responsabilité à M. Gravel. Un point immédiatement mis en avant par la désormais secrétaire d’Etat à la vie associative, qui devait recevoir, mercredi, la presse pour évoquer le sujet. Mais le rendez-vous a été annulé au dernier moment – officiellement car elle était retenue à Bruxelles – quelques minutes après la fin de l’audition de son ancien directeur de cabinet.

Le témoignage de ce dernier, sous serment, devant les sénateurs, était de fait embarrassant pour Mme Schiappa : Sébastien Jallet, répondant aux questions précises de la commission, n’a pu que reconnaître que, contrairement à ce qu’a toujours avancé la secrétaire d’Etat, elle ne s’est pas tenue à l’écart des sélections du fonds. Comme l’a admis M. Jallet, elle a personnellement choisi de retoquer, après la sélection officielle des lauréats, une association qui avait été sélectionnée pour recevoir 100 000 euros de subventions. « Nous avons sur cette association une réserve de la ministre, en raison d’un historique de relations assez ancien et d’une mise en cause par voie de presse d’un membre de l’association vis-à-vis de la ministre », a reconnu son ancien directeur de cabinet.

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