La cour d’assises des mineurs de l’Oise condamne l’ex-petit ami de Shaïna, assassinée en 2019, à dix-huit années de réclusion

Une proche tient une pancarte indiquant « Justice pour Shaina » avant le procès du meurtrier présumé de Shaïna Hansye, à la cour d’assises pour mineurs de l’Oise, à Beauvais, le 5 juin 2023.

Shaïna Hansye n’aura jamais 16 ans. En octobre 2019, son corps adolescent était retrouvé calciné au fond d’un cabanon abandonné dans les jardins ouvriers de Creil, dans l’Oise. L’autopsie révélera qu’elle respirait encore, lorsqu’on l’a embrasée.

Shaïna est morte brûlée vive à 15 ans, après avoir été poignardée une dizaine de fois. Elle était enceinte, et attribuait sa grossesse à celui qui vient d’être condamné pour son assassinat. Agé de 17 ans au moment des faits, il a été condamné à dix-huit années de réclusion criminelle par la cour d’assises des mineurs de l’Oise, vendredi 9 juin. L’avocat général avait requis la levée de l’excuse de minorité – ce que la cour a écarté – et demandé trente ans de prison.

« Complètement écrasé » dans son box vitré, selon les mots de son avocate, Elise Arfi, l’ex-petit ami de Shaïna n’a cessé de nier tout au long de la semaine de procès qui s’est tenu à huis clos à Beauvais. « L’enquête est partie bille en tête sur une personne désignée par la clameur publique comme étant le coupable. Mais quand une personne nie avec un dossier qui est loin d’être en béton, il faut rester sur la réserve », estime Elise Arfi, selon qui « aucune autre piste n’a été explorée » et certaines « zones d’ombre » n’ont pas été levées. Sans compter, ajoute-t-elle, l’absence d’ADN de son client sur le couteau retrouvé dans le cabanon. Son confrère, Me Adel Fares, avait donc plaidé l’acquittement pour le jeune homme d’aujourd’hui 20 ans passés.

« Sa culpabilité ne fait plus débat », tranche l’avocate de la famille de Shaïna, Negar Haeri, qui déroule les éléments « objectifs » qui ont mené selon elle à une condamnation : cette blessure à la jambe, qu’il présente comme de l’eczéma mais décrite comme une brûlure par le médecin légiste. Ou encore son téléphone éteint le soir du meurtre, entre 21 h 36 et 22 h 13, et qui borne à cinq minutes du cabanon lorsqu’il le rallume, quelques minutes après le début de l’incendie. « Le dossier ne repose pas sur la rumeur qui le désigne, ou sur de simples témoignages, » insiste-t-elle.

Un « continuum de violences »

Durant les premiers jours d’audience, certains témoins à charge se sont rétractés ou se sont réfugiés derrière leur mémoire défaillante, provoquant le désespoir de la famille de la victime. Un ami d’enfance a ainsi affirmé ne plus se souvenir des traces de sang, qu’il avait déclaré avoir vu sur l’accusé à l’époque. Deux anciens codétenus qui l’auraient entendu se vanter d’avoir tué Shaïna parce que c’était une « pute » ou encore qu’il préférait la tuer que d’être « le père d’un bâtard » ne sont quant à eux tout simplement pas venus à l’audience, malgré les mandats d’amener.

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