La Russie accuse l’Ukraine d’avoir saboté une conduite d’ammoniac essentielle à la production d’engrais

L’usine chimique de Togliatti, en Russie, d’où part la conduite sabotée.

Le ministère de la défense russe a accusé, mercredi 7 juin, « un groupe de sabotage ukrainien » d’avoir dynamité une conduite d’ammoniac qui n’était plus alimentée mais dont Moscou espérait la remise en service.

L’explosion s’est produite lundi soir près de Massioutovka, village aux mains des forces russes dans la région de Kharkiv (nord-est de l’Ukraine), selon le ministère. « Plusieurs civils ont été blessés. On leur a apporté toute l’assistance médicale nécessaire », précise-t-il dans un communiqué.

Le pipeline, qui relie la ville russe de Togliatti, sur les rives de la Volga, à Odessa, le port ukrainien le plus important de la mer Noire, permettait à la Russie d’exporter annuellement plus de 2,5 millions de tonnes d’ammoniac, composant essentiel des engrais minéraux, notamment à destination de l’Union européenne.

Pas de danger

Il a été mis en service pour exporter les produits de l’entreprise chimique de Togliatti, le plus grand producteur russe d’ammoniac et l’un des plus importants dans le monde. Construit à la fin des années 1970, il n’est plus alimenté depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, en février 2022.

Côté ukrainien, Oleg Sinegoubov, chef l’administration militaire de la région de Kharkiv, avait imputé sa destruction à la Russie. « La vie et la santé des gens ne sont actuellement pas en danger », avait-il assuré.

La reprise de l’alimentation de la conduite, qui est la plus longue au monde avec 2 400 kilomètres, fait partie des négociations sur l’accord conclu sous l’égide de l’ONU qui a permis l’exportation de millions de tonnes de céréales ukrainiennes.

« Ce pipeline d’ammoniac était crucial pour assurer la sécurité alimentaire dans le monde », a souligné mercredi, Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe, accusant l’Ukraine d’avoir « porté un coup sévère aux efforts de l’ONU dans la lutte contre la faim ». « Le seul qui n’avait pas d’intérêt à ce que le pipeline d’ammoniac reprenne son travail, c’est le régime de Kiev », a-t-elle affirmé.

L’accord céréalier signé le 22 juillet 2022 par l’ONU, l’Ukraine, la Russie et la Turquie a été renouvelé en mai jusqu’au 17 juillet.

Le Monde avec AFP