Incendies, attaques aux mortiers d’artifice sur les forces de l’ordre, guet-apens… la nuit de mercredi à jeudi a été marquée par d’importantes violences urbaines en Essonne. Cette deuxième nuit d’émeute fait suite au décès de Nahel, 17 ans, tué mardi par le tir d’un policier après un refus d’obtempérer à Nanterre (Hauts-de-Seine). Compte tenu des événements, aucun bus de la Tice, dont les 19 lignes sont fréquentées quotidiennement par 87 000 personnes, ne circulera sur le réseau ce jeudi.
« Il y a encore des poubelles et des voitures calcinées qui empêchent les bus de passer, rappelle le directeur de la société de transport, Mohamed Khoutoul. Je dois aussi assurer la sécurité des usagers, des conducteurs et des biens de l’entreprise. Le trafic reprendra quand nous aurons la certitude de pouvoir exercer notre mission en toute sécurité. » La décision de la Tice fait suite aux épisodes de violence survenus dans la nuit. Le réseau de bus Essonne Sud Est est également très perturbé.
« Hier, nous étions présents sur tout le territoire, affirme la direction départementale de la sécurité publique (DDSP). Le niveau de violence était élevé. Nous allons donc renforcer le dispositif ce soir. Nous lançons un appel au calme, il ne faut pas qu’il y ait un autre drame. »
« C’est vous-même, vos frères et sœurs, vos parents, que vous punissez »
Un des premiers événements recensé mercredi soir est l’incendie d’un bus, place de la Treille à Viry-Chatillon. Filmée et largement partagée sur les réseaux sociaux, la scène s’est déroulée à seulement quelques mètres du lieu où, en 2016, quatre policiers avaient été attaqués avec des cocktails Molotov. Plus tard dans la soirée et dans la nuit, d’autres bus ont été incendiés, notamment dans le quartier des Hautes-Mardelles à Brunoy et à Évry-Courcouronnes.
Dans la ville préfecture, les dégâts sont importants : l’ancienne maison de quartier du Parc aux Lièvres aujourd’hui désaffectée a entièrement brûlé, tout comme la mairie annexe du Canal et la maison de quartier des Épinettes. Ce jeudi matin, le maire d’Évry-Courcouronnes Stéphane Beaudet (SE) s’est directement adressé « aux jeunes » de sa ville sur sa page Facebook. « C’est vous-même, vos frères et sœurs, vos parents, que vous punissez en agissant ainsi, en vous en prenant à des maisons de quartier, des écoles et des transports publics. »
Ailleurs dans le département, la façade de la mairie des Ulis a été dégradée, tout comme celle d’un bâtiment administratif à Sainte-Geneviève-des-Bois ou encore les locaux de la police municipale à Vigneux-sur-Seine. Plusieurs commissariats, à l’image de ceux d’Évry-Courcouronnes, des Ulis, d’Athis-Mons et Draveil ont également été pris pour cible au cours de la nuit.
Selon nos informations, aucun policier n’a été blessé. Par ailleurs, les forces de l’ordre ont procédé à plusieurs interpellations. « Je dénonce l’ultra violence habituelle et généralisée, réagit ce jeudi matin le secrétaire départemental du syndicat Alliance Police Nationale, Claude Carillo. J’apporte tout mon soutien aux collègues mobilisés face à ces individus qui n’attendent que ça pour faire usage de la violence. »