Un an après la bataille de Marioupol, la brigade ukrainienne Azov retourne au combat sur le front de Zaporijia

Zaporijia, Ukraine, le 7 juin 2023 Le major Bohdan Krotevych (nom de guerre « Tavr »), commandant de la 12e brigade ukrainienne d’assaut « Azov », et le lieutenant Ilya Saloimenko (guerre « Gandalf »).

Il est 5 heures du matin, mercredi 7 juin, dans une base secrète de Zaporijia, et la nuit vient d’être consacrée, affirme le major Bohdan Krotevych, qui revient du front, à « tuer beaucoup de Russes ». Il donne congé à son chauffeur, réveille le lieutenant qui dormait dans le bureau, et allume une cigarette. Le major (nom de guerre « Tavr ») commande la 12e brigade d’assaut « Azov » de la garde nationale. Il est accompagné de son adjoint, le lieutenant Ilya Samoilenko (nom de guerre « Gandalf »). Tous deux sont des survivants du siège de Marioupol (de février à mai 2022) et, après l’épisode désormais célèbre de leur farouche résistance dans l’usine Azovstal et de leur reddition à l’armée russe, de très éprouvants mois de captivité. Libérés à la faveur d’un échange de prisonniers à l’automne, ils assurent l’intérim du lieutenant-colonel Denys Prokopenko et des chefs d’Azov, libérés eux aussi mais assignés à résidence en Turquie. Alors que Kiev lance une nouvelle phase de la guerre contre l’armée russe, la brigade Azov a annoncé, vendredi 9 juin, avoir « avancé et pris de nouvelles positions », sans donner de détails.

Même s’il est, à ce stade préliminaire de la nouvelle bataille contre l’armée russe, « impossible d’évaluer le futur succès de l’offensive, ni l’ampleur des avancées », les deux officiers à la tête de la brigade Azov se disent « confiants ». Pour le major Krotevych, l’opération ukrainienne tant attendue de 2023 ne peut, quelle que soit l’ampleur des avancées, se terminer que de deux manières : « Soit ce sera une véritable défaite russe, et la fin de la guerre sera proche, soit les pertes seront telles de chaque côté qu’il y aura une pause dans le conflit. » Sa crainte est que, en dépit d’« un fort soutien » de pays alliés, l’aide à l’Ukraine soit encore « insuffisante pour reconquérir tout le territoire », face à « une Russie qui a des ressources pour une guerre longue ».

Outre que, après la bataille de Marioupol, ils dénombrent encore 1 150 de leurs combattants en captivité ou disparus, les commandants d’Azov font actuellement face à deux défis. Le premier est que leur promotion au rang de brigade a fait passer l’unité de 1 500 à 7 000 hommes, et qu’il faut entraîner en quelques mois beaucoup de soldats fraîchement recrutés. Le second est l’image d’Azov : à l’origine un bataillon de volontaires créé en 2014 pour le conflit dans le Donbass sous la forme d’un mouvement paramilitaire d’extrême droite, et dont le passé fut au cœur de la guerre de propagande entre Moscou et Kiev, la Russie prenant Azov comme prétexte pour annoncer sa volonté de « dénazification » de l’Ukraine.

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