
Confronté à une série de vagues de chaleur en avril et en mai, comme ses voisins d’Asie du Sud-Est, le Vietnam vit depuis au rythme des coupures d’électricité. La forte demande due aux chaleurs extrêmes qu’ont connues le nord et le centre du pays – un record historique de 44,2 °C a été enregistré le 7 mai à Tuong Duong, dans la moitié nord du Vietnam, non loin de la frontière avec le Laos –, combinée à la réduction des niveaux d’eau des barrages, a conduit à des tensions sur le réseau électrique.
Au moins trois grandes villes, la capitale, Hanoï, ainsi que les villes côtières de Haiphong et Da Nang, ont retardé, depuis le début du mois de juin, l’éclairage urbain et réduit ou supprimé les dispositifs lumineux nocturnes. Hanoï a connu plusieurs pics de chaleur de plusieurs jours entre 38 °C et 40 °C au mois de mai, entraînant, selon le groupe public Electricité du Vietnam, une hausse de 22,5 % de la consommation moyenne dans la capitale par rapport au mois d’avril.
Familles en mode « basse consommation »
Le géant étatique, à l’origine d’une dette publique colossale en raison des coûts très compétitifs qu’offre le pays aux industriels, a entériné en mai une hausse de 3 % des tarifs moyens de distribution. La population est donc désormais incitée à moins consommer : la presse vietnamienne décrit, par exemple, des familles en mode « basse consommation », louant leurs efforts pour utiliser avec parcimonie l’air conditionné et les appareils électriques. Les malls, ces grands magasins qui prolifèrent dans les principales villes du Vietnam, sont désignés comme des refuges pour ceux qui fuient la chaleur.
Les coupures d’électricité affectent aussi les industries, poussant les autorités à ménager ces acteurs économiques dans un contexte de boom économique où le Vietnam est devenu l’une des principales bases de productions alternatives à la Chine pour les grands sous-traitants asiatiques de l’électronique. La province de Bac Giang (nord-est), par exemple, qui accueille, à une soixantaine de kilomètres de Hanoï, des fournisseurs d’Apple dans ses parcs industriels, a dû promettre, début juin, de livrer de l’électricité de manière ininterrompue entre 7 h 45 et 17 heures pendant vingt jours pour rassurer ces précieux locataires.
Dans la province thaïlandaise de Tak : 45,4 °C, le 15 avril
Les mois d’avril et de mai sont les plus chauds de l’année au Vietnam, mais aussi en Thaïlande, au Laos, au Cambodge et dans une partie de la Birmanie. Mais tous ces pays de la frange continentale de l’Asie du Sud-Est enregistrent cette année des niveaux de températures jamais répertoriés jusqu’alors. Le mercure a atteint le 15 avril 45,4 °C dans la province thaïlandaise de Tak, frontalière de la Birmanie, et le 6 mai, 43,5 °C à Luang Prabang, au Laos. « Un événement de la même ampleur que la vague de chaleur observée aurait été extrêmement rare dans un climat plus froid de 1,2 °C, et il aurait donc été pratiquement impossible qu’il se produise en l’absence de changement climatique », estime, dans un rapport publié en mai sur la vague de chaleur en Asie, le World Weather Attribution (WWA), une initiative qui regroupe des chercheurs de divers instituts de recherche européens sur le réchauffement climatique.
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