Dans la majorité présidentielle, des voix s’élèvent pour mettre la pression sur le patronat

Ils se retrouvent pour « écrire une nouvelle page », selon les mots de la première ministre, Elisabeth Borne, après le long chapitre de la réforme des retraites. Les organisations syndicales et patronales ont rendez-vous, à Matignon, mercredi 12 juillet à 10 heures, pour « s’accorder sur le nouvel agenda social ». « On a eu un désaccord sur la réforme, mais ils savent que je suis attachée au dialogue social », a formulé la première ministre au Parisien, dimanche 9 juillet, en évoquant les « chantiers » définis par les partenaires sociaux, qui devront se faire « au bénéfice des salariés ».

Les discussions porteront sur le document rendu public, mardi 4 juillet, par les partenaires sociaux listant les grands sujets – emploi des seniors, création d’un compte épargne-temps universel ou accompagnement des reconversions professionnelles, etc. – sur lesquels ils souhaitent négocier à l’avenir. Si la CGT n’a pas validé le texte, elle sera toutefois bien présente à Matignon.

Après six mois de contestation sociale, qui se sont soldés par une défaite de l’intersyndicale restée unie jusqu’au bout, des voix au sein de la coalition présidentielle estiment qu’il est désormais temps de mettre la « pression » sur un patronat – en particulier le Medef – jugé trop « intransigeant » et « inflexible ». Après dix ans de politique de l’offre en faveur des entreprises lancée par François Hollande en 2014 et accentuée par Emmanuel Macron lors de son arrivée à l’Elysée en 2017, plusieurs députés de la majorité estiment que les sociétés doivent « partager les efforts » pour apaiser une situation sociale restée incandescente.

Baisse du chômage

Porté par les organisations de salariés, le sujet de la conditionnalité des aides aux entreprises est maintenant poussé par une partie des députés macronistes. Si cette politique « pro-entreprise » a permis « la réindustrialisation du pays », selon le député (MoDem) de la Sarthe, Eric Martineau, ce dernier s’interroge sur la mise en place de conditions à l’aide de l’Etat. « Une entreprise qui a reçu des aides mais qui s’en va à l’étranger ne devrait-elle pas reverser une partie de ces aides ? On peut se poser la question. Ou sur les questions environnementales, faut-il mettre en place des contraintes environnementales ou écologiques ? Oui, pourquoi pas », souligne-t-il.

Signe que le sujet reste très sensible au sein de la majorité, loin d’avoir un avis homogène sur la question, des députés ne souhaitent pas se montrer ouvertement offensifs envers le patronat. « Pourtant, il faut se poser la question de l’efficacité de la dépense publique concernant les aides aux entreprises, fustige un député (Renaissance) sous le couvert de l’anonymat. Sur la conditionnalité, il va falloir qu’on y aille. »

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