
Le charismatique vigneron bordelais Jean-Michel Cazes s’est éteint le 28 juin, à l’âge de 88 ans, après une longue maladie. Resté dynamique jusqu’à la fin de sa vie, cet ambassadeur du vin en général et du médoc en particulier avait écrit ses Mémoires, Bordeaux grands crus. La reconquête (Glénat), parus en 2022. Sur 504 pages, riches de détails, il raconte son histoire et celle de sa famille ariégeoise arrivée dans le Médoc vers 1875 : « Ces montagnols, rois de la pioche, venaient en Médoc pour défricher et planter la vigne. L’invasion du phylloxéra, qui entraîna la perte, puis la replantation du vignoble, leur donna pour longtemps de l’ouvrage. »
Dans un premier temps cependant, Jean-Michel Cazes, diplômé de l’Ecole des mines et de l’université du Texas, à Austin (Etats-Unis), s’était éloigné du destin viticole familial pour une carrière d’ingénieur chez IBM. C’est seulement en 1973 qu’il décide de venir s’installer à Pauillac (Gironde) avec son épouse, Maria-Thereza Carregal Ferreira, pour rejoindre son père, André, maire du village. Jean-Michel Cazes s’occupe alors du cabinet d’assurances familial, ainsi que des châteaux Lynch-Bages, acheté par son grand-père en 1939, et Ormes de Pez, acheté en 1941, dont personne ne voulait à l’époque, tant ils étaient délabrés.
Mais, cent ans après l’arrivée de ses ancêtres, le Médoc n’est toujours pas une région viticole mirobolante et le cuvier de Lynch-Bages date de 1866. « Il n’est plus adapté à l’œnologie moderne, et nous ne pouvons pas faire face aux nouveaux standards de vinification », raconte-t-il dans son livre. Sur le plan commercial, la situation est tout aussi préoccupante.
Pionnier de l’œnotourisme bordelais
Heureusement, la naissance de son fils, Jean-Charles, en juin 1974, vient égayer la vie familiale. Sans relâche, Jean-Michel Cazes s’attelle à redresser la situation de son patrimoine. L’activité n’est pourtant pas suffisante et, en 1987, il accepte la proposition d’Axa, dirigé par son ami Claude Bébéar, rencontré pendant les années de lycée à Louis-le-Grand, de prendre la direction des activités viticoles de l’assureur. Jean-Michel Cazes crée rapidement Axa Millésimes avec, entre autres, les acquisitions des châteaux Pichon-Longueville Baron, Cantenac Brown et Suduiraut, mais aussi le Domaine de l’Arlot, en Bourgogne, et Disznoko, en Hongrie.
A partir du début des années 2000, Jean-Michel Cazes change de nouveau de vie pour ne se consacrer qu’à ses propriétés familiales, tout en cherchant à faire revivre son village de Bages, dans un Médoc toujours déserté. Il avait même tenté de relancer, en vain, l’élevage de l’agneau de Pauillac.
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