Shrinkflation, piège à cons

Shrinkflation : ce vocable barbare, issu de la contraction du verbe anglais to shrink (rétrécir) et du mot inflation, désigne la fâcheuse propension qu’ont certains industriels de l’agro-alimentaire à réduire les quantités de produit vendues sous un même emballage sans en changer le prix. « C’est une arnaque, c’est scandaleux », s’est ému Bruno Le Maire qui a derechef promis un texte de loi à l’automne pour interdire cette façon de… prendre les gens pour des cons. Vote massif garanti.

The large retailers, who of course never take their customers for fools, promise to put a label on the products in question to expose the deceptive packaging. Blaming the big agri-food groups, with whom they are in a constant war, for these practices is obviously less risky for their revenue than delisting misleading products and removing them from the shelves.

De même qu’existe l’alerte météo, voici donc l’alerte bidouille que l’on rêve de voir un jour se sophistiquer : pastille de couleur plus ou moins anxiogène, échelle de Richter de l’arnaque, vignette étalonnée de 1 à 5, notre quotidien sera bientôt un merveilleux kaléidoscope clignotant de mises en garde aux consommateurs dans les hypermarchés, mais aussi aux clients des banques, des assurances, et de tout ce qui se vend. La vie assistée.

On rêverait alors de voir cette riche idée étendue à la politique : pastille rouge sur les services publics toujours moins présents pour des impôts toujours plus lourds ; force 9 sur l’échelle de la désintégration pour une école moins efficiente malgré des budgets en hausse ; alerte maximum pour les contribuables parisiens ponctionnés par Anne Hidalgo pour un service de plus en plus indigent. Mais cette loi-là ne sera jamais votée.