Cyclisme – Dopage : “Ils m’ont surveillé, fouillé ma voiture, mon téléphone…” Les révélations d’un ancien vainqueur du Tour de France

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Il a tout gagné. Mais dans l’ombre des podiums, Vincenzo Nibali a aussi beaucoup vu, beaucoup encaissé. Dans un entretien sans détour, l’ancien champion italien lève le voile sur un cyclisme miné par les tricheries… et les silences.

Vainqueur du Tour de France en 2014, double lauréat du Giro et titré sur la Vuelta, Vincenzo Nibali a marqué le cyclisme de son empreinte. Pourtant, derrière ses exploits, l’Italien de 40 ans a dû se battre contre un système vicié. “Je ne me suis jamais dopé dans ma vie, et je n’y ai même jamais pensé”, affirme-t-il avec force dans un long entretien publié par le Corriere della Sera.

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Ancien coureur de la formation Astana, Nibali n’a jamais été contrôlé positif, mais il n’ignore rien des pratiques de l’époque. Il confie avoir évolué dans un peloton où certains coéquipiers “allaient aux courses comme on va à la guerre”, tant le dopage était ancré dans les mœurs. “C’était culturel. Mais si tu ne voulais pas te doper, tu ne le faisais pas”, résume-t-il.

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Même lorsqu’il s’impose sur les plus grandes épreuves, Nibali reste scruté avec suspicion. “Ils m’ont surveillé, fouillé ma voiture, mon téléphone, et je suis convaincu qu’ils sont même entrés chez moi pour chercher des preuves. Les cyclistes étaient des cibles faciles”, déplore-t-il.

“Je ne me suis jamais demandé combien de fois j’ai perdu à cause du dopage…”

S’il n’a jamais franchi la ligne rouge, le “Requin de Messine” admet avoir payé le prix de son intégrité. Il évoque ainsi la Vuelta 2010, qu’il remporte face à l’Espagnol Ezequiel Mosquera, disqualifié pour dopage après coup. “Et si c’est lui qui avait gagné, et qu’on ne l’avait jamais découvert ?”, interroge-t-il avec amertume.

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Un autre souvenir marquant : la Liège-Bastogne-Liège 2012, où il est battu par le Kazakh Maksim Iglinskiy, lui aussi contrôlé positif peu après. “Je ne me suis jamais demandé combien de fois j’ai perdu à cause du dopage… sans doute souvent”, reconnaît-il.

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Aujourd’hui retraité, Nibali veut croire à un cyclisme plus propre. “La génération suivante a changé les mentalités. Et si ce sport a tourné la page, c’est un peu grâce à nous aussi”, affirme-t-il, à la fois lucide et fier d’avoir toujours “gardé la tête haute”.

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