Cet exercice 2022 n’est pas un long fleuve tranquille pour Orange. L’opérateur historique, qui dévoilait ce jeudi matin ses résultats au titre du premier semestre, a fait état d’un chiffre d’affaires stable, à 21,3 milliards d’euros, pour un résultat net de près de 1,5 milliards d’euros. Surtout, son Ebitdaal, qui constitue son principal indicateur de rentabilité, progresse de 0,7%, à plus de 5,9 milliards d’euros. De quoi conforter l’objectif du leader français des télécoms, qui souhaite le voir augmenter de 2,5% à 3% cette année. Des chiffres salués par Christel Heydemann, la patronne d’Orange, qui se félicite d’une performance « solide » dans un environnement difficile, « encore marqué par la crise sanitaire, les incertitudes géopolitiques, et les effets de l’inflation ». Lors d’un point presse, la dirigeante, qui a pris les rênes du groupe le 4 avril dernier, a indiqué qu’elle présenterait son très attendu plan stratégique pour les années à venir en février prochain.
Pour préserver sa croissance, Orange peut compter sur le très fort dynamisme de l’Afrique. Sur ce continent, où l’opérateur est présent dans pas moins de 16 pays, les ventes ont progressé de pas moins de 7,9%, à près de 3,4 milliard d’euros, sur les six premiers mois de l’année. L’Ebitdaal, lui, croît de 11,6%, à 1,2 milliards d’euros. Orange doit notamment cette performance au fort engouement pour la 4G et l’Internet fixe à haut débit.
En France, la fin d’un fort engouement pour la fibre
Cela dit, tous les voyants ne sont pas au vert partout. Dans l’Hexagone, de loin le premier marché d’Orange, le chiffre d’affaires baisse de 2,7% au deuxième trimestre, à 4,4 milliards d’euros. Orange précise que ce recul est la conséquence de moindres recettes sur le front des cofinancements que lui versent ses rivaux pour déployer la fibre dans les villes moyennes. Sans cela, souligne l’opérateur, les ventes auraient été stables. Il faut dire, aussi, que le très fort engouement des Français pour la fibre, constaté au moment de la pandémie et soutenu par l’essor du télétravail, n’est plus le même. En clair, « le marché se normalise », souligne Ramon Fernandez, le directeur financier d’Orange. Conséquence : au deuxième trimestre, Orange n’a engrangé « que » 263.000 ventes nettes dans la fibre, contre 353.000 à la même période l’année précédente.
Alors que les sous-traitants de l’opérateur historique pour déployer et entretenir ses réseaux de fibre se plaignent de nouveaux contrats – ils jugent les prix trop faibles et fustigent des pénalités qui rognent leurs marges dans un contexte d’inflation galopante -, Fabienne Dulac s’est montrée rassurante. La patronne d’Orange France souligne que les seules pénalités financières qui sont aujourd’hui appliquées concernent la sécurité des personnels. Pas question, insiste-t-elle, de transiger sur ce point, alors que des accidents graves sont récemment survenus. Concernant l’augmentation des coûts de main d’œuvre ou la hausse des prix à la pompe qui minent les sous-traitants, la dirigeante précise que « des discussions » sont en cours. « L’objectif est de trouver un bon équilibre pour accompagner nos partenaires », ajoute-t-elle.
Toujours dans l’Hexagone, Orange a annoncé avoir déposé une demande auprès de l’Arcep, le régulateur des télécoms, pour prolonger de trois ans, jusqu’en 2025, l’accord d’itinérance 2G et 3G qu’il a avec Free depuis 2012. Si le gendarme du secteur sonne son aval, cela permettra à l’opérateur historique de continuer à bénéficier de juteux revenus.
Sur le marché des entreprises, Orange n’a, semble-t-il, jamais autant souffert. « Il y a une dégradation importante de l’Ebitdaal de 23,3% », déplore Ramon Fernandez. Cette dégringolade est liée « à l’accélération des services voix et data, non compensés par les relais de croissance », précise Orange. L’opérateur travaille à un plan de redressement, avec l’objectif de retrouver le chemin de la profitabilité « courant 2024 ».
Les ventes dégringolent en Espagne
En Espagne, le chemin de croix d’Orange se poursuit. Malgré les efforts de l’opérateur, les ventes ont de nouveau chuté de 4% au cours du deuxième trimestre. Dans ce pays, les perspectives ne sont, toutefois, pas si mauvaises. Le week-end dernier, Orange a annoncé avoir signé un « accord ferme » pour fusionner avec son rival MasMovil. Sous réserve du feu vert des autorités concurrentielles, ce mariage permettra à Orange d’avoir les reins plus solides pour investir dans les réseaux. Mais ce deal doit aussi – et surtout – permettre d’en finir avec la guerre des prix qui plombe le marché depuis des années.