Le prince héritier saoudien “MBS” à l’Élysée : la visite avec Emmanuel Macron qui ne passe pas

Une nouvelle étape de sa “réhabilitation” après l’affaire Khashoggi.

La rencontre signe une nouvelle étape du retour de Mohammed ben Salmane sur la scène internationale, moins de deux semaines après la visite du président américain Joe Biden en Arabie saoudite. Emmanuel Macron recevait jeudi 28 juillet au soir à Paris le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, au moment où les dirigeants occidentaux cherchent à apaiser leurs liens avec le royaume producteur de pétrole sur fond de guerre en Ukraine.

Après une première étape en Grèce, celui que l’on surnomme “MBS” était convié à un dîner de travail à l’Élysée avec le président français, de retour d’une tournée en Afrique.

“On n’a pas besoin de réhabiliter un prince meurtrier”

En décembre à Djeddah, Emmanuel Macron avait également été le premier dirigeant occidental à rencontrer le prince depuis l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018, dans lequel Riyad est soupçonné d’avoir joué un rôle majeur, ce que nient les autorités saoudiennes.

Les groupes de défense des droits de l’Homme et une partie de l’opposition française ne digèrent pas cette nouvelle marque de considération offerte à MBS. “On n’a pas besoin de réhabiliter un prince meurtrier, on a surtout besoin de porter un langage des droits humains”, a dénoncé sur France Inter la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard.

“Au menu du dîner entre Emmanuel Macron et MBS, le corps démembré du journaliste Khashoggi ? Le chaos climatique ? La paix et les droits humains ? Le jour du dépassement ? Non ! Du pétrole et des armes ! L’exact opposé de ce qu’il faut faire !”, a dénoncé sur Twitter l’eurodéputé écologiste Yannick Jadot.

Hatice Cengiz, la fiancée du journaliste assassiné en 2018, au consulat saoudien à Istanbul, s’est dit, elle, “scandalisée”.

Il ne s’agit pas de remettre en cause notre engagement en faveur des droits de l’homme

De leur côté, les organisations non gouvernementales Democracy for the Arab World Now (Dawn), Open Society Justice Initiative (OSJI) et Trial International ont déposé plainte auprès de la justice française contre Mohammed ben Salmane pour complicité de torture et de disparition forcée, en lien avec cet assassinat.

“Il ne s’agit pas de remettre en cause notre engagement en faveur des droits de l’homme”, a assuré jeudi la Première ministre, Élisabeth Borne, l’Élysée promettant, de son côté, que ces questions seraient abordées. Alors que la crise énergétique et alimentaire se fait chaque jour plus aiguë, les dirigeants occidentaux se rapprochent des pouvoirs régionaux pour contrer l’influence de la Russie malgré les préoccupations en matière de droits humains.

Pétrole et nucléaire iranien

Emmanuel Macron s’est entretenu aussi ces derniers jours à Paris avec le président des Émirats arabes unis Mohammed ben Zayed Al Nahyane, puis avec le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, sans rencontre avec la presse. Les pays européens cherchent à diversifier leurs sources d’énergie après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a réduit ses approvisionnements de l’Europe en gaz. Les Occidentaux veulent convaincre Riyad d’ouvrir les vannes du pétrole, dont le royaume est l’un des principaux producteurs, afin de faire baisser les prix.

Jusqu’ici, le dirigeant saoudien a refusé d’accroître la production pour respecter son engagement vis-à-vis de l’Opep, répétant que son pays était au maximum de ses capacités avec une faible marge de progression. Autre sujet sensible, le nucléaire iranien, à l’heure où les pourparlers entre les grandes puissances et l’Iran pour relancer l’accord de 2015 sont au point mort. L’Arabie saoudite, grand rival de l’Iran, craint que Téhéran ne devienne une puissance nucléaire et s’inquiète de plus en plus de ses activités dans la région.

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