A peine rentré et déjà empêtré dans une improbable histoire de karting en prison, Eric Dupond-Moretti voit son collègue Gérald Darmanin caracoler, promettant la fermeté contre les délinquants étrangers et l’armée pour les mineurs sous main de justice. Le garde des Sceaux a couru mardi à Fleury-Mérogis pour tenter de limiter la sortie de route. Dans l’urgence, il n’a le choix qu’entre de mauvaises solutions.
Quelle que soit sa communication, restera l’impression qu’au mieux ni lui, ni son cabinet n’ont « jamais été informés » des détails de cette manifestation (ce que dit le rapport de l’enquête flash menée par l’administration) et au pire, que le directeur du centre pénitentiaire de Fresnes (qui reconnaît « une erreur d’appréciation », toujours selon l’enquête) est tout désigné comme lampiste.
Suspicion. Le flou demeurera et, avec lui, la conviction qu’à divers niveaux, dans l’organisation comme dans le contrôle et la communication, les mauvaises décisions se sont succédé. A commencer par cet invraisemblable choix, parmi les détenus participants, de profils criminels lourds, comme l’a révélé l’Opinion. L’annonce d’une « circulaire » précisant « le circuit de validation de ce type d’événements » n’y changera rien. La suspicion est jetée sur les centaines de rencontres sportives ou culturelles qui sont (bien) organisées chaque année en détention.
A Fleury-Mérogis, le garde des Sceaux n’a pu qu’effleurer le sujet de la rénovation des prisons. Inaudible, courageux cependant, à répéter que des « conditions dignes » doivent être faites aux détenus alors qu’il est accusé d’être devenu le patron de « prisons Club Med ». Le RN l’accuse d’avoir menti et exige sa démission. La gauche lui reproche de faire « des claquettes devant l’extrême droite ». Son crédit politique, reparti à la hausse depuis sa reconduction au gouvernement, en prend un coup. Les images de karts verts négociant les virages de la cour de Fresnes pourraient tourner longtemps dans l’opinion.