Rentrée politique : réformes, budget 2023, guerre en Ukraine… Emmanuel Macron en zone de turbulences

l’essentiel L’exécutif fait sa rentrée cette semaine avec un Conseil des ministres ce mercredi tandis que les universités d’été des partis vont se dérouler jusqu’à fin septembre. Tous planchent sur cette rentrée que d’aucuns prédisent « chaude » entre les conséquences économiques de la guerre en Ukraine et les réformes impopulaires qui se dessinent.

La rentrée politique, c’est maintenant. Le gouvernement tient ce mercredi son Conseil des ministres de rentrée et quasiment tous les partis politiques se retrouvent pour des universités d’été. Si les vacances sont finies, elles étaient pourtant bienvenues pour le président de la République, son gouvernement et les parlementaires nouvellement élus, après une longue et très intense séquence politique : élection présidentielle, élections législatives et premières semaines de travaux dans une Assemblée sans majorité absolue pour l’exécutif, et dans laquelle chacun a dû inventer de nouvelles méthodes de travail… et de compromis. L’adoption des projets de loi sur le pouvoir d’achat et de finances rectificative a ainsi montré que le blocage du pays, redouté par certains, n’avait pas eu lieu.

La cote de popularité du couple exécutif Ifop

Mais il ne s’agissait sans doute là que d’une mise en bouche avec des textes relativement consensuels. La réforme des retraites, de l’assurance chômage, du Revenu de solidarité active (RSA) ou encore une loi sur l’immigration et un complexe plan d’adaptation aux conséquences du réchauffement climatique, dont l’urgence a été soulignée par les incendies de l’été, sont autant de sujets à l’agenda de l’exécutif qui ouvriront une séquence beaucoup plus délicate. Emmanuel Macron est bien conscient qu’il affrontera une rentrée « chaude » – mais quelle rentrée ne l’est pas ? – et une zone de turbulences où les difficultés et les chausse-trappes seront légion.

Dramatiser les enjeux

Le chef de l’État a ainsi préparé dès le 14 juillet les Français à un automne difficile, avec des risques de pénurie d’énergie attisés par le conflit du gaz avec la Russie. Et en commémorant vendredi le 78e anniversaire du Débarquement de Provence, le Président a dramatisé l’enjeu en invoquant « le prix à payer pour la liberté ». Mais annoncer des temps difficiles, souligner la gravité de la situation internationale ne suffit pas. Les oppositions d’ailleurs dénoncent une posture et reprochent au Président d’utiliser ces thématiques comme un alibi.

Le CNR pour désamorcer les conflits ?

Pour Emmanuel Macron, qui est comme resté en retrait de la scène nationale depuis sa réélection, se concentrant sur l’international, cette rentrée signe donc aussi le retour sur la scène intérieure. Avec un vrai casse-tête : « comment maintenir le cap et de gauche et de droite » et « ne pas tomber dans une forme de coalition avec Les Républicains », comme le résume le politologue Bruno Cautrès.

Autrement dit comme préserver l’ADN réformateur du macronisme dans un contexte international compliqué et sans majorité absolue ? Pour tenter d’avancer sur ce chemin de crête, Emmanuel Macron, qui avait promis sitôt réélu une nouvelle méthode, souhaite lancer le 8 septembre son Conseil national de la refondation (CNR). Cette vaste instance de dialogue, boite à idées censée désamorcer les conflits, qui rappelle la Convention citoyenne sur le climat, doit associer élus, acteurs économiques et sociaux, associations et citoyens pour plancher sur les thèmes de l’école, de la santé et des services publics. Reste à savoir quel consensus le CNR pourrait dégager et comment Emmanuel Macron pourrait en transposer les conclusions dans des projets de lois voire des référendums.

Alliances ou dissolution ?

En attendant de préciser les contours de fonctionnement du CNR, Emmanuel Macron aborde la rentrée, selon son entourage, avec un « cap clair » sur la « souveraineté », notamment énergétique, la « bataille pour le climat » et « l’égalité des chances ». Mais la nouvelle donne politique issue des législatives va rapidement se rappeler à lui avec l’examen du Budget 2023 sur lequel les oppositions vont âprement batailler à coups de milliers d’amendements. Le camp présidentiel n’exclut donc pas d’en passer par l’article 49.3, qui permet d’adopter un texte sans vote, en engageant la responsabilité du gouvernement.

« La situation politique est instable », pointe un proche de Jean-Luc Mélenchon, qui voit « deux solutions » : « soit une coalition stable entre Macron et LR, soit à la fin un retour devant les urnes », avec une dissolution.

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