Sécheresse et arrosage des golfs : quelles obligations s’imposent à ces installations gourmandes en eau ?

l’essentiel Alors qu’une cellule interministérielle de crise face à la sécheresse vient d’être activée, le gouvernement demande aux populations de réduire et réguler leur consommation en eau. Quid des terrains de golf ? Réduction des volumes d’eau utilisés, arrosage la nuit… Détails des restrictions imposées.

“La philosophie, c’est un peu le laisser-faire : on n’a pas d’autre choix que d’accepter que certaines zones du parcours perdent en qualité”. Dans le golf de Billière, dans les Pyrénées-Atlantiques, on s’adapte comme on peut à la sécheresse et aux restrictions d’eau. “On limite énormément notre consommation d’eau et on priorise les zones importantes de jeu”, explique Harry Mead, directeur de la structure.

Pour faire face à cette sécheresse exceptionnelle qui frappe tout l’Hexagone, l’Etat a défini quatre seuils de gravité, entraînant des restrictions d’eau, y compris pour les terrains de golf. Le premier niveau, la vigilance, n’impose aucune restriction. En situation d’alerte jaune, il est en revanche interdit d’arroser les golfs de 8h à 20h de façon à diminuer la consommation d’eau hebdomadaire de 15% à 30%. Les propriétaires doivent également tenir un registre de prélèvement pour l’irrigation. 

70% des golfs prélèvent l’eau dans des milieux naturels

À partir de l’alerte renforcée, la situation se corse. La consommation d’eau est réduite d’au moins 60%, l’arrosage est interdit sauf sur les départs et sur les greens (les espaces gazonnés tondus très ras autour des trous). Ces zones représentent en moyenne seulement 2% de la surface d’après la Fédération française de golf. En situation de crise, le seuil maximal, il est interdit d’arroser les golfs. Un arrosage des greens “réduit au strict nécessaire” peut toutefois être permis la nuit, entre 20h et 8h, sauf en cas de pénurie d’eau potable.

Ces mesures ont été décidées dans le cadre d’accords entre le secteur et les ministères de l’écologie, de l’environnement et de l’agriculture pour la période 2019-2024. Toutefois, la Fédération française de golf reconnaît que “seulement 20% des golfs bénéficient d’approvisionnements que l’on peut considérer ‘durables’: eaux pluviales (…), eaux brutes issues de grands canaux d’irrigation, eaux recyclées par des stations d’épuration.” Plus de 70% des golfs prélèvent l’eau pour l’arrosage dans les milieux naturels (eau souterraine et de surface) et près de 10% utilisent l’eau du réseau public (donc de l’eau potable).

“Si l’interdiction s’étendait aux greens, cela deviendrait compliqué”

À Billière, l’eau est “pompée depuis un cours d’eau sur notre parcours”, explique le directeur du golf à La Dépêche. L’arrosage se fait exclusivement la nuit : “On priorise les greens, parfois on arrose les départs, mais dans tous les cas on limite au strict minimum la quantité d’eau grâce à un logiciel qui programme les volumes utilisés”, détaille-t-il.

Pas inquiet pour l’avenir, Harry Mead reconnaît que si l’interdiction d’arroser s’étendait à toutes les zones, y compris les greens, “cela deviendrait compliqué, mais je ne pense pas qu’on en arrivera à là”. Et les clients, qu’en pensent-ils ? “Les joueurs acceptent que certaines zones du parcours soient de moins bonne qualité, c’est normal”. 

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