Un parfum de nitroglycérine

À trop avoir joué à “Pierre et le loup”, observateurs et commentateurs de la vie politique qui voient poindre cette fois une rentrée véritablement agitée, ne savent plus qu’en dire et se trouvent à court de superlatifs…

Ni “chaud”, ni “à hauts risques”, ni même “de tous les dangers”, le retour aux affaires, pour l’exécutif, sera donc… “explosif”.

Il y a, hument les spécialistes, un parfum de nitroglycérine dans l’air. Et de l’Elysée à Matignon en passant par les bancs de l’Assemblée, la majorité est avertie : la voici assise sur un baril de poudre.

Après la canicule de l’été, la météo sociale des jours qui viennent et de l’automne ne suggère rien de bon pour le camp présidentiel qui se sait attendu au tournant de la rentrée.

Par les Français tout d’abord, dont la fin des vacances conduira à une douloureuse confrontation au réel, faite d’inflation galopante, de flambée des prix de l’énergie et de risque sanitaire, puisqu’une nouvelle vague épidémique n’est évidemment pas à exclure.

Le sujet du pouvoir d’achat sera sur toutes les lèvres, et tandis que l’été sera passé sur les mesures prises pour répondre aux préoccupations financières des ménages, le bourbier de la guerre en Ukraine pèsera d’autant plus sur notre économie qu’avant même d’en avoir connu l’issue, Bruno Le Maire et les technocrates de Bercy ont déjà décrété la fin du “quoi qu’il en coûte”

Par les oppositions ensuite, qui saisiront ce retour annoncé à l’orthodoxie budgétaire et à la maîtrise des finances publiques, comme une occasion de marquer leurs différences et de condamner bruyamment le désengagement de l’Etat, alors même que celui-ci amplifiera en septembre la ristourne accordée aux automobilistes à la pompe.

Après les résultats des élections législatives qui ont privé le parti présidentiel et ses alliés de la majorité absolue, il s’agira également de faire entendre la voix de cette France que le “en même temps” ennuie et que la “start-up nation” agace, mais surtout de replacer le débat parlementaire au centre de la vie politique du pays.

Par les organisations syndicales enfin, disposées à considérer le résultat électoral de la gauche et de la Nupes comme le premier étage d’une fusée qui replacera bientôt les partenaires sociaux en orbite après la parenthèse des Gilets jaunes, marqueur de la mobilisation populaire du précédent quinquennat.

En dépit des prévisions catastrophistes pour son camp, Emmanuel Macron, dit-on, ne croit pas à la tempête qui s’annonce…

Comme un judoka qui retourne la force de l’adversaire et l’utilise à son propre avantage, le chef de l’Etat compte justement sur les tapageuses oppositions pour désamorcer la colère populaire.

“À quoi bon exprimer dans la rue ce que les députés de gauche, de droite et d’extrême droite, dénoncent à l’Assemblée ?”, pourraient ainsi se résoudre les Français hostiles aux réformes à venir et qui, s’en remettant à leur représentation parlementaire, pourraient être tentés de lui demander des comptes en cas de déconvenue…

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