En ce début d’octobre, les salariés de Ciretec sont une vingtaine à se mobiliser devant les grilles de l’usine, à Saint-Ay (Loiret), à une quinzaine de kilomètres d’Orléans. Sono et sifflets à l’appui, ils « font du bruit » pour alerter sur leur sort : leur licenciement imminent et une vie qui s’effondre. Leur employeur, spécialisé dans les circuits imprimés et implanté dans ce bourg de trois mille habitants depuis 1985, a décidé cet été de fermer la majeure partie de son activité et de supprimer cinquante-trois postes sur soixante-dix, dans le cadre d’un plan social.
L’entreprise n’est pourtant pas en faillite. Au début de 2022, ses carnets de commandes étaient même bien remplis, avec un montant de l’ordre de 7,5 millions d’euros, l’équivalent de son chiffre d’affaires. Ciretec, l’une des cinq entités du groupe Elvia PCB, premier fabricant français de circuits imprimés, a un savoir-faire de pointe, rare en France. La société travaille pour les secteurs stratégiques de la défense et de l’aérospatiale. Ses circuits imprimés équipent le Rafale et sont même allés à bord d’une sonde jusque sur Mars.
Mais dans la nuit du 30 janvier 2022, tout a basculé. L’entreprise a brûlé. Les locaux et les machines ont été ravagés par les flammes. Impossible de redémarrer la production. A l’exception du maintien d’une petite activité de contrôle installée dans un local voisin, les salariés ont été mis au chômage technique, avec le soutien de l’Etat, dans le cadre de l’activité partielle de longue durée (APLD). Une situation qu’ils croyaient provisoire, dans l’attente de la reconstruction de l’usine.
« On nous laisse tomber ? C’est incompréhensible »
« Au début, on leur a fait confiance. On a vraiment pensé qu’ils allaient reconstruire. Mais quand on a vu qu’ils nous faisaient lanterner, on a commencé à s’inquiéter », raconte Jonathan, 43 ans, dont vingt-deux passés chez Ciretec. Six mois après l’incendie, la décision finit par tomber. La direction, qui vient de se voir refuser le renouvellement de l’APLD, annonce qu’elle ne reconstruira pas.
Chez les salariés, l’humeur oscille entre stupeur et colère. « On nous parle de réindustrialisation, on travaille pour le secteur de la défense, on connaît le contexte actuel et on nous laisse tomber ? C’est incompréhensible », lâche Christelle, une technicienne de laboratoire de 48 ans. « Et pourtant notre groupe a des moyens, avec son nouvel actionnaire… »
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