A Taïwan, le parti historique en quête de jeunesse

Hsu Chiao-hsin n’a pas de temps à perdre : la candidate de 32 ans aux élections de districts (locales) de Taipei traverse au pas de course le marché de Zhonglun, dans l’est de la capitale taïwanaise. Pantalon de survêtement noir et K-Way bleu ciel portant son nom en gros sinogrammes rouges, elle est entourée par une équipe d’employés du district portant chasubles et pancartes à son effigie. Certains distribuent des paquets de mouchoirs barrés du slogan : « Aller de l’avant courageusement. » Armée d’un haut-parleur, une femme faisant partie de ses soutiens répète : « Bonjour, Hsu Chiao-hsin est là en personne pour vous saluer, merci ! Merci ! » Elle s’arrête à peine pour quelques poignées de main : pour la candidate du Kouomintang (KMT), le parti historique taïwanais, dans la longue campagne pour les élections municipales et de districts qui auront lieu le 26 novembre à Taïwan, l’essentiel est de se montrer.

Jeune, dynamique et considérée comme « propre » (elle s’est fait connaître pour avoir dénoncé un scandale d’achat de voix au sein de son parti), Hsu Chiao-hsin incarne une forme de relève au sein d’un parti en difficulté. Au niveau national, le KMT, dans l’opposition depuis six ans, semble de plus en plus déconnecté de l’électorat, et notamment des plus jeunes, du fait de son positionnement ambigu vis-à-vis de Pékin. Le parti, dont les dirigeants historiques sont arrivés de Chine en 1949, après la défaite du gouvernement de Tchang Kaï-chek face aux communistes, reste en effet opposé à l’indépendance de Taïwan et prône un rapprochement, au moins économique, avec la Chine.

Une position de plus en plus difficile à tenir à mesure que Pékin fait monter la pression dans le détroit de Taïwan, avec des manœuvres militaires et une rhétorique de plus en plus agressives. Mais, lors des élections municipales, les questions diplomatiques importent moins que les problèmes locaux et la personnalité des candidats. De quoi laisser une chance au KMT de prendre sa revanche face au Parti démocrate progressiste (DPP), qui contrôle à la fois la présidence et le Parlement taïwanais. Grâce à ses réseaux locaux implantés de longue date, le KMT contrôle douze villes et comtés sur vingt-deux, et il pourrait en remporter d’autres lors du scrutin.

Image de bon gestionnaire

La jeune candidate a passé les mois qui précèdent l’échéance électorale à arpenter sa circonscription. Au pouvoir sous la dictature de Tchang Kaï-chek et de son fils Chiang Ching-kuo, le KMT a dirigé Taïwan d’une main de fer à l’époque du miracle économique dans les années 1970 et 1980 et conserve une image de bon gestionnaire. « J’ai toujours voté KMT, je les trouve plus sérieux pour gérer l’économie », confie un homme de 74 ans, qui vend des crèmes antirides sur un petit stand du marché. « Le DPP, ils font trop de politique, mais pour ce qui compte, les affaires et la sécurité du pays, ce n’est pas ça : qu’est-ce qu’on a besoin de tenir tête à la Chine ? Regardez, nos produits agricoles ont été interdits d’importation par la Chine cet été », peste-t-il.

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