En douze mois, l’Amiénois Erwan Konaté a conquis deux médailles d’or lors des championnats du monde juniors d’athlétisme : à Nairobi (Kenya), en août 2021, et à Cali (Colombie) cet été. Après avoir tout gagné dans la catégorie juniors, le spécialiste du saut en longueur (record personnel à 8,12 m) est l’un des grands espoirs de l’athlétisme français pour les JO 2024 à Paris. Il évoque la pression qui pèse sur ses épaules, mais aussi le plaisir qui guide sa carrière.
Quel bilan personnel faites-vous de l’année 2022 ?
Elle a été constructive et elle m’a permis de grandir ! Cela a été une année compliquée malgré mon deuxième titre mondial juniors en août. J’aurais pu faire mieux au niveau des performances. Beaucoup de facteurs m’ont embêté : tout le stress qui peut venir de la vie personnelle, des attentes sportives, des partenaires, et aussi des médias.
Vous n’aviez pas sauté au-delà de 8 mètres toute la saison. En finale des Mondiaux à Cali, vous atterrissez à 8,08 m pour être titré. Est-ce la marque des champions ?
On peut sauter à 8,60 mètres toute l’année et se manquer complètement sur une compétition. C’est important en tant qu’athlète d’être régulier. J’aurais bien aimé faire 8 mètres avant, mais j’avais des petits blocages que j’ai réussi à effacer grâce à l’aide d’un préparateur mental. J’ai réussi à mieux appréhender ma compétition et à sortir le bon saut au bon moment.
Etait-ce compliqué de réaliser à votre jeune âge que vous aviez besoin d’aide ?
Ce n’est jamais facile. Il y a toujours cette petite musique où on se dit : « Je sais très bien me gérer tout seul. » En fait, on a tous besoin d’aide. On a travaillé quelques séances avec ce préparateur mental. Ça m’a permis de comprendre les réactions que mon corps pouvait avoir en compétition. Je me disais : « Je ne vais pas mordre [la planche], je ne vais pas mordre »… sauf que le cerveau a du mal à assimiler la négation. Il préfère les tournures positives. Je suis passé de « Je ne vais pas mordre » à « Je vais faire une belle planche ». Je l’avais même inscrit sur une affiche au-dessus de mon lit pendant les Mondiaux.
Vous êtes double champion du monde junior. Pourtant, aux qualifications des championnats de France juniors, en juillet, vous avez failli vous faire éliminer d’entrée, avant d’être titré. Est-ce un rappel à l’ordre utile ?
Oui, j’avais pour objectif de faire des gros sauts à ces championnats. J’en ai fait, mais ils étaient tous mordus. Pour moi, il y avait aussi la difficulté d’avoir moins de concurrence et j’ai besoin de ça pour aller plus loin.
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