Grève des médecins : les cabinets pourraient être fermés une semaine

“Cette grève est l’ultime cri d’alarme des médecins libéraux” a expliqué lundi 26 décembre sur franceinfo Noëlle Cariclet, psychiatre en Île-de-France et porte-parole du collectif Médecins pour demain qui appelle les médecins généralistes et spécialistes à fermer leur cabinet durant une semaine à partir de ce lundi. Ils réclament une revalorisation des consultations à 50 euros et dénoncent leurs conditions de travail dégradées, selon eux. Des médecins libéraux se sont mis en “grève silencieuse” depuis le 2 décembre, mais les négociations avec la Caisse nationale de l’assurance maladie sont au point mort.

franceinfo : Pourquoi êtes-vous en grève alors que nous sommes dans une période d’épidémies et que les hôpitaux sont déjà saturés ?

Noëlle Cariclet : Cette grève est l’ultime cri d’alarme des médecins libéraux, toutes spécialités confondues, devant l’effondrement du système de santé dans sa globalité. L’hôpital va très mal depuis des années. Il a subi les attaques : des coupes budgétaires et des fermetures de lits. Les soignants médicaux et paramédicaux, infirmiers et aides-soignants, sont sous-payés. On a une hémorragie du personnel soignant de l’hôpital. De la même manière, de l’autre côté, vous avez la médecine libérale qui couvre 90 % des actes de santé en France, qui doit soutenir et prendre en charge ces patients qui sont dans le besoin et qui n’a pas aujourd’hui les moyens de le faire parce qu’il y a de moins en moins de médecins sur le territoire. Et surtout, cette médecine n’est plus attractive.

Les médecins généralistes demandent une hausse des tarifs des consultations. Vous aussi en tant que psychiatre ?

Bien sûr. Toutes les spécialités ! Sur le territoire, les médecins généralistes sont en grande difficulté parce que les médecins généralistes s’installent de moins en moins. Mais vous avez aussi toute une catégorie de spécialités qui sont rares. Certaines sont en disparition sur le territoire. Les psychiatres, les pédopsychiatres, les pédiatres, les endocrinologues, etc. Ce sont des spécialités qui sont également sous valorisées parce qu’elles marchent à la consultation qui n’a pas vu sa tarification augmenter depuis plus de 20 ans. Les patients ont compris que les médecins sont en train de se battre pour la revalorisation des tarifs conventionnés. Ça veut dire des tarifs qui leur seront remboursés par la Sécurité sociale et par les assurances complémentaires santé. Un médecin aujourd’hui qui aurait envie de gagner plus pour pouvoir investir dans du personnel ou dans des locaux a tout à fait l’occasion de le faire s’il le veut en se déconventionnant. Or, c’est un drame cette perspective. Déconventionner, ça veut dire que les patients ne seraient plus remboursés de leurs soins et que seules les personnes ayant les moyens financiers pourraient se payer des soins.

La seule solution c’est la grève ?

Depuis des années et des années, les syndicats se battent pour faire entendre ces revendications. Nous avions fait un coup de semonce le 2 décembre pour montrer que les médecins étaient vraiment mobilisés et prêts à fermer leur cabinet devant la gravité de la situation. Nous n’avons pas été entendus. Nous sommes toujours en grève depuis ce 2 décembre, en grève silencieuse, avec des brassards et avec des affiches. Ça n’a amené à rien et malheureusement les médecins sont contraints, et c’est navrant, aujourd’hui de fermer leur cabinet pour se faire entendre alors même qu’ils devraient pouvoir être entendus.

Où en sont les négociations avec la Caisse nationale de l’assurance maladie ?

Nous avons été reçus en visioconférence. Quelques membres du collectif ont pu y participer. Ça a été un échange cordial. Les propositions ont été exposées et depuis, c’est le statu quo. Nous n’avons pas de nouvelles. Nous avons également été invités par certains syndicats à pouvoir nous exprimer lors de ces négociations conventionnelles avec Monsieur Fatôme directeur général de la CNAM. Malheureusement, tout est bloqué malgré la pression que nous essayons de mettre sur ces revendications. Nous n’avons pas du tout l’impression d’être entendus et c’est une grande inquiétude pour tous les médecins actuellement.

Franceinfo

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