C’est une visite hybride qui se prépare au plus haut niveau de l’Etat depuis deux mois. Olena Zelenska, l’épouse du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, est attendue à Paris du 12 au 14 décembre, une première depuis le déclenchement de la guerre par Vladimir Poutine. Sa troisième visite, après celles de juin 2019 – qui a suivi de peu l’élection de Zelensky – et d’avril 2021, se déroulera sans son époux, qui ne quitte pas le sol ukrainien depuis l’invasion de son pays. Une partie du gouvernement de Kiev fera le voyage : le premier ministre ukrainien, Denys Chmyhal, et plusieurs ministres en charge de la reconstruction, dont Ioulia Svyrydenko (économie), Olexandr Kubrakov (infrastructures) ou German Galushchenko (énergie).
Ce bref séjour est censé témoigner du soutien indéfectible de la France à Kiev et de la « résilience » du peuple ukrainien, bien qu’il intervienne dans une atmosphère tendue par les récents propos d’Emmanuel Macron, jugés prévenants à l’égard du Kremlin. « Comment nous protégeons nos alliés en donnant des garanties pour sa propre sécurité à la Russie ? », s’est interrogé le chef de l’Etat, dimanche sur TF1, citant « la peur [de Vladimir Poutine] que l’OTAN vienne jusqu’à ses portes ». Une sortie troublante, qui a ulcéré les alliés de la France en Europe orientale et inspiré la méfiance en Ukraine. « Fournir des garanties de sécurité à un Etat terroriste et meurtrier » relève de la « diplomatie de la carpette », a tancé le secrétaire du conseil national de sécurité et de défense ukrainien, Oleksi Danilov, proche de Zelensky.
Mais Olena Zelenska, qui confiait en juin à M le magazine du Monde ne pas vouloir écouter « la petite musique qui monte expliquant qu’il faut ménager la Russie », pas plus que le gouvernement de Kiev, n’en ont pris ombrage au point d’ajourner leur venue. La première dame d’Ukraine sera accueillie à l’Elysée lundi par Brigitte Macron – l’entourage du chef de l’Etat ne souhaitait pas confirmer d’entrevue avec ce dernier.
Une « amitié très particulière » avec Brigitte Macron
Mardi 13 décembre, Mme Zelenska participera, aux côtés d’Emmanuel Macron, à la conférence internationale de soutien à la résilience civile de l’Ukraine durant l’hiver, baptisée « Solidaires du peuple ukrainien », que le chef de l’Etat avait annoncée début novembre après un appel avec Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien doit intervenir en visio lors de cette réunion multilatérale, qui se tiendra au Quai d’Orsay.
Suivra, à Bercy, un forum bilatéral destiné à mobiliser des entreprises françaises en faveur de l’Ukraine, dans les infrastructures, la santé, l’énergie, le numérique et l’agriculture. Trois cents entreprises participeront – dont les groupes Eiffage, Airbus, Alstom, Dassault, Thales, Renault, Saint-Gobain, TotalEnergies, Engie, Servier ou Sanofi – et dialogueront avec les ministres ukrainiens, sous l’égide de Bruno Le Maire.
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