La Birmanie en situation de détresse humanitaire

Plus d’un million de personnes nouvellement déplacées depuis le coup d’Etat de février 2021, 15,2 millions d’individus « en situation d’insécurité alimentaire grave et modérée », selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), des taux de vaccination infantile passés en dessous des 50 %, contre environ 90 % auparavant : la Birmanie, 53 millions d’habitants, est en pleine détresse humanitaire.

Les organisations non gouvernementales (ONG) internationales et les agences onusiennes font face à des difficultés inédites d’accès et de financement. Une myriade de petites associations en lien avec les réseaux de la résistance à l’étranger portent le gros de l’effort humanitaire, mais sont loin de répondre aux besoins.

Quasiment un an et onze mois après le coup d’Etat militaire qui a renversé le gouvernement élu d’Aung San Suu Kyi, la junte militaire n’a pas réussi à venir à bout de l’insurrection armée lancée par l’administration souterraine de la résistance, le gouvernement d’unité nationale (NUG), en septembre 2021. Mais celui-ci n’est pas non plus aux portes du pouvoir : malgré le ralliement de plusieurs guérillas ethniques au NUG, l’armée contrôle les villes et les infrastructures tant dans les régions ethniques que dans le centre du pays.

Et le général Min Aung Hlaing, auteur du putsch du 1er février 2021, continue de voyager d’un bout à l’autre du pays : il était à Myitkyina, la capitale de l’Etat Kachin, à la mi-décembre, pour galvaniser les troupes de la Tatmadaw, les forces armées birmanes. Celles-ci multiplient les opérations coup de poing contre les populations civiles pour instaurer un climat de terreur.

En conséquence, le nombre de déplacés a explosé dans les Etats formant la couronne multiethnique du pays, où les guérillas karenni, shan, karen et chin ont repris les armes contre la junte : on y compte près de 300 000 nouveaux réfugiés internes.

Les zones frontalières avec la Thaïlande vivent sous perfusion des réseaux d’entraide de la diaspora et de petites ONG : c’est par ce canal, très poreux, qu’entre la majorité de l’aide informelle en Birmanie. Bangkok refuse en effet d’autoriser officiellement des agences onusiennes ou des ONG internationales à agir dans le pays.

Villages incendiés

A la frontière entre l’Inde et la Birmanie, les affinités ethniques et religieuses existant entre l’Etat indien du Mizoram et l’Etat Chin, tous deux majoritairement chrétiens, ont permis l’accueil de près de 50 000 réfugiés chin, en dépit du soutien continu de New Delhi aux militaires birmans : « En dehors de l’assistance ad hoc qui passe à la frontière, l’Etat Chin est coupé du pays, la junte bloque tous les envois d’aide humanitaire et restreint le transport des produits de base », explique Salai Za Uk Ling, de l’Organisation chin pour les droits humains.

Il vous reste 72.28% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

arméeclimatdroits humainsgouvernementle gouvernementONGUN