Edouard Philippe et François Bayrou, deux soutiens dissonants de la réforme des retraites

Le premier « se prépare », le second y pense. Le premier, Edouard Philippe, 52 ans, peaufine, depuis la mairie du Havre sa stratégie pour être présent, sans être pesant, dans la vie politique, et ne pas se faire oublier d’ici à l’élection présidentielle de 2027, qu’il convoite. Le second, François Bayrou, 71 ans, n’écarte rien, se voyant bien, lui aussi, à l’Elysée. « Un seul responsable politique qui ne pense pas à l’élection majeure, on se demande ce qu’il fait dans le jeu », a avoué le maire de Pau, dimanche 15 janvier sur BFM-TV, rappelant qu’au-delà de Joe Biden aux Etats-Unis, le président Lula, au Brésil, avait un âge comparable au sien.

Les deux chefs de partis, le premier d’Horizons et le second du MoDem, sont alliés du gouvernement. Mais, ambition présidentielle oblige, à l’heure où la première ministre, Elisabeth Borne, s’engage dans la très impopulaire réforme des retraites, le soutien se fait soudain plus nuancé. Voire dissonant.

Entre deux entraînements de boxe, Edouard Philippe défend du bout des lèvres ce qu’il assimile, dans Le Point daté du 12 janvier, à « une longue crispation nationale ». « Si l’on va vers un système qui équilibre à terme les retraites, qui contient des mesures de justice, très bien. Si la mesure que le gouvernement propose [départ à 64 ans et allongement de la durée de cotisation] a le même effet sur l’équilibre qu’un report à 65 ans, très bien. Horizons soutiendra tout ce qui va dans le sens de plus de travail pour garantir plus de prospérité et plus de solidarité », explique-t-il pour mieux évacuer le sujet. Une validation aux allures de service minimum. Si Edouard Philippe veut toujours que la réforme se fasse, il estime aussi qu’« il y a mille choses beaucoup plus importantes à faire ».

Un pas de côté étonnant de la part de l’ancien premier ministre, qui avait porté la réforme des retraites en 2019, avant de renoncer du fait de la pandémie de Covid-19, et défendu, dans le magazine Challenges deux ans plus tard, un recul du départ à la retraite à 65, 66 ou 67 ans. On s’est trompé, affirme-t-il aujourd’hui. « Parler trop des retraites, pour Edouard Philippe, c’est risquer de réactiver le souvenir de l’échec de 2019 », observe Frédéric Dabi, directeur de l’institut de sondages IFOP.

« Je ne suis pas un trublion ni un frondeur »

François Bayrou, lui, a fait siens les propos d’Elisabeth Borne, qui assurait, au moment d’annoncer les détails de la réforme, le 10 janvier : « Cette présentation n’est pas un point final. Nous sommes prêts à faire encore évoluer notre projet ». La première ministre s’adressait aux parlementaires de l’opposition plus qu’à ses partenaires. Aux Républicains, qui pourraient ajouter quelques amendements au texte avant de l’approuver, pour ne pas apparaître comme des auxiliaires du gouvernement. Et à La France insoumise pour la dissuader de jouer l’obstruction.

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