En Tunisie, le secteur privé au cœur du plan de développement du gouvernement

Le gouvernement tunisien a présenté, mardi 3 janvier, un plan de développement pour 2023-2025 qui mise fortement sur les investissements du secteur privé, une nette reprise de la production des phosphates, secteur jadis florissant, et une agriculture plus « verte ».

Ce plan « privilégie un nouveau modèle de développement » pour rétablir les équilibres économiques et combattre la montée de la pauvreté qui touche 20 % des 12 millions de Tunisiens, a indiqué, devant la presse, le ministre de l’économie et de la planification, Samir Saïed.

La Tunisie est en proie à une profonde crise politique et financière qui s’est traduite ces derniers mois par des pénuries de certains produits de base – lait, sucre, riz, café – et un recul du pouvoir d’achat du fait d’une inflation qui a atteint près de 10 % sur un an. Très endetté, le pays, dont les caisses sont vides, attend le feu vert définitif du Fonds monétaire international (FMI) pour un nouveau prêt d’environ 2 milliards de dollars (1,88 milliard d’euros), qui devrait débloquer d’autres aides étrangères.

Dans sa nouvelle stratégie 2023-2025, le gouvernement se veut « réaliste et prudent », a indiqué M. Saïed, qui a prévu par exemple une baisse plutôt lente du taux de chômage à 14 % en 2025 contre un peu plus de 15 % en 2022. Le programme, dont les différents chapitres ont été présentés par chacun des ministres du gouvernement de Mme Najla Bouden, table sur une croissance modeste de 2,1 % en 2023 (après 1,8 % en 2022).

Pour y parvenir, il mise sur des investissements publics « nécessaires » de 12,3 milliards de dollars (entre 2023-2025) dont 8,7 milliards à travers le budget de l’Etat et 3,6 milliards de dollars à travers les entreprises publiques.

« Locomotive de la croissance »

Ce programme fait aussi le pari d’une augmentation des investissements du secteur privé, « locomotive de la croissance » en Tunisie, en espérant qu’ils monteront à près de 60 % de l’investissement global d’ici à trois ans, ce qui nécessite, selon M. Saïed, une « amélioration du climat des affaires ». Les partenariats « public-privé » seront aussi facilités.

Une bonne partie des investissements seront canalisés vers le secteur industriel, dont le poids dans l’économie doit passer de 15 % du PIB en 2022 à 18 % en 2025, avec une hausse prévue des exportations de 12 milliards de dollars annuels à 18 milliards de dollars, a indiqué la ministre de l’industrie Neila Gonji.

Le plan de développement prévoit également un accroissement de la production de phosphates – l’une des rares ressources naturelles du pays – qui s’est effondrée ces dix dernières années à cause de troubles sociaux et de la corruption. Elle devrait passer de 3,7 millions de tonnes (Mt) annuelles actuellement à 5,6 Mt en 2023 avant un doublement à 12 Mt en 2025.

Pour promouvoir une agriculture « plus verte », les autorités encourageront l’innovation via des start-up spécialisées dans le recyclage de l’eau et la lutte contre la sécheresse qui sévit notamment dans le centre et le sud du pays. Le gouvernement parie aussi sur la transition énergétique en autorisant l’exploitation de terrains agricoles pour produire de l’électricité à partir de sources renouvelables, notamment le solaire et l’éolien.

Le plan triennal prévoit en outre une amélioration des filets de protection sociale avec par exemple une indemnisation pour les familles prenant en charge une personne âgée isolée et des investissements dans l’éducation, comme la généralisation des écoles de la deuxième chance pour les élèves en décrochage scolaire.

Le Monde avec AFP

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