« Le compte n’y est pas » : Stella Dupont, une députée Renaissance à contre-courant sur les retraites

Dans la voiture qui roule en direction du bourg de Chalonnes-sur-Loire, Stella Dupont veut savoir : pourquoi s’intéresse-t-on à elle ? Elle, d’ordinaire si discrète, « secrète », même. Oui, mais voilà, la députée Renaissance du Maine-et-Loire a fait part de ses critiques envers le projet de réforme des retraites, pourtant présenté comme « vital » par Emmanuel Macron. Dans le camp présidentiel, ils ne sont qu’une poignée à avoir osé. Forcément, la démarche est remarquée. Et saluée. « Ne lâche rien ! », lui lance ainsi une femme, tandis qu’on s’installe dans un bistrot de Chalonnes, son fief de toujours. Stella Dupont acquiesce poliment. « Les gens que je rencontre me remercient plutôt pour ma position », affirme-t-elle.

La veille, pendant sa traditionnelle soirée des vœux, un chef d’entreprise est ainsi venu l’encourager, inquiet. « En vingt-cinq ans, c’est la première fois que mes salariés font grève pour un projet national, lui a-t-il confié. Il se passe quelque chose dans notre pays ! » Pour Stella Dupont, l’alerte n’a rien d’anodin. « Le sentiment d’injustice est très présent. Quand je le sens chez moi, terre vraiment modérée, c’est que ça veut dire quelque chose. Il faut l’entendre. »

Pour elle, « le compte n’y est pas ». Avec En commun !, le microparti dont elle est membre et qui incarne l’aile gauche de la majorité, elle compte faire des propositions pour tenter d’infléchir le texte : limitation du nombre d’années de cotisation à 43 pour ceux qui ont commencé à travailler tôt (contre 44 dans le projet du gouvernement), mise en place d’un système de bonus-malus sur l’emploi des seniors, prise en compte des périodes de stage dans le calcul des retraites… Des mesures destinées à rendre le projet « plus juste », sans le remettre en cause sur le fond. « Ce n’est pas une fronde, assure l’ancienne socialiste. Une fronde, c’est ce qui s’est passé sous Hollande, quand un groupe s’est constitué pour faire perdre l’autre. Nous, nous sommes dans une logique de propositions. Je crois que la majorité rend service à son président lorsqu’elle est en capacité de dire non. »

Une famille d’agriculteurs

A 49 ans, Stella Dupont y voit aussi une forme de fidélité à son parcours et à ses origines. Elle a grandi dans une famille d’agriculteurs de la région angevine où il n’y avait « pas toujours de l’eau chaude pour se laver » et où les vêtements que l’on porte enfant sont souvent « ceux de cousines ou d’amies plus âgées ». Son grand-père est communiste « autodidacte », dans une région « pas du tout rouge ». A la maison, on parle politique sans s’en rendre compte, matin, midi et soir.

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