Manifestations en Australie contre la fête nationale, de plus en plus perçue comme le symbole de la colonisation

Des milliers de personnes ont manifesté à travers l’Australie jeudi 26 janvier, à l’occasion de la fête nationale, qui est une journée de plus en plus conspuée, notamment par les communautés autochtones, qui y voient un symbole du début de la colonisation. La fête nationale australienne, célébrée le 26 janvier, commémore l’arrivée de la première flotte européenne dans le port de Sydney, en 1788. Ces dernières années, cette journée est devenue l’occasion de manifestations, certains Australiens qualifiant ce « jour de l’invasion » de point de départ d’un génocide culturel.

En plein cœur de Sydney, l’activiste autochtone Paul Silva a défendu l’abolition de la fête nationale. « Ils ont envahi nos terres, tuant nos familles élargies, transformant nos guerriers en esclaves, a-t-il rappelé. Comment peut-on célébrer cette journée ? » La poétesse autochtone Lizzie Jarrett a jugé que Sydney était « le point zéro d’un génocide des premières nations ». « Vous pensez que nous sommes en colère ? Ne seriez-vous pas en colère ? », a-t-elle lancé à la foule de plusieurs milliers de personnes. Des rassemblements similaires ont eu lieu dans les principales villes du pays.

Vers une « voix » au Parlement ?

L’historienne australienne Lyndall Ryan a estimé que plus de 10 000 indigènes avaient été tués dans 400 massacres depuis le début de la colonisation britannique. Sur les 25 millions d’habitants que compte l’Australie, environ 900 000 s’identifient aujourd’hui comme membres d’une communauté autochtone.

Le pays s’avère divisé quant à la question de la reconnaissance officielle de ces groupes qui ne sont jamais mentionnés dans la Constitution adoptée en 1901. Le gouvernement de centre gauche plaide en faveur d’un amendement qui pourrait leur donner une « voix » au Parlement. Les conservateurs le jugent inutile. Les Australiens seront appelés à se prononcer sur cette évolution lors d’un référendum obligatoire qui se tiendra cette année.

Jusque dans les années 1960, les communautés autochtones n’avaient pas le droit de vote dans certains Etats et territoires du pays. Les inégalités auxquelles elles sont confrontées sont encore criantes : leur espérance de vie est notamment inférieure de plusieurs années à celle des autres Australiens.

Le Monde avec AFP

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