Marine Le Pen ne veut pas « s’enfermer » à l’Assemblée nationale

Marine Le Pen en a prévenu ses proches lors d’un déjeuner, avant Noël : au printemps, la routine de l’Assemblée nationale va commencer à l’ennuyer. Pour mieux s’en prémunir, elle s’apprête à mettre le nez dehors, à humer l’air du temps et à parfaire sa stature internationale en vue de l’élection présidentielle de 2027. Mercredi 18 janvier, elle fera une visite express en Afrique – dans un pays tenu secret, le parti ayant connu son lot de tentatives ratées sur le continent. La semaine suivante, elle rendra visite à ses alliés portugais de Chega, le parti populiste qui monte, puis assistera aux vœux de la mairie d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), dans sa circonscription, avec ses amis écartés de la direction du Rassemblement national (RN), Steeve Briois et Bruno Bilde.

D’autres déplacements suivront, moins à la rencontre des militants du RN qu’à celle des Français, sur les sujets d’actualité. « Elle voit le risque d’être enfermée à l’Assemblée, estime le maire de Perpignan, Louis Aliot, vice-président du parti. Ça se passe bien, il y a de bons retours, mais il faut le concrétiser sur le terrain par des visites sur des sujets concrets débattus à l’Assemblée. »

Les risques identifiés sont de trois ordres : la déconnexion du terrain ; la lassitude et la fatigue ; l’image. Les rares qui osent la conseiller l’encouragent à « dépasser la vie parlementaire » afin de ne pas devenir « une élue hors-sol, encroûtée, un rat d’Assemblée ». Un écueil qu’avaient pointé certains conseillers dès les élections législatives, lorsqu’elle avait endossé la direction du groupe RN, un poste chronophage. « Elle a un tel agenda dans son rôle de présidente de groupe que, si elle ne se dégage pas volontairement du temps, elle peut passer sa vie à l’Assemblée, observe Bruno Bilde, député du Pas-de-Calais. De manière générale, Marine veut toujours éviter le ronronnement des fonctions. »

« Je suis en orbite haute »

S’enfermer à l’Assemblée, c’est aussi ferrailler avec des députés sur des amendements parfois insignifiants ; loin de la stature de femme d’Etat que revendique Marine Le Pen, qui estime jouer dans une cour où ne s’invitent qu’Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. L’un ne peut pas entrer au Palais-Bourbon, l’autre l’a quitté. Cela fait d’elle un personnage majeur de l’Hémicycle, mais est-ce bien utile ? « Jacques Chirac, François Hollande ou François Mitterrand n’étaient pas présidents de groupe, relève le communicant Arnaud Stephan, l’un de ses conseillers lors de la campagne présidentielle. Les dividendes de son action à l’Assemblée nationale ne sont pas évidents à toucher : il y a peu de victoires possibles et pas grand monde ne regarde la Chaîne parlementaire. Nous ne sommes pas sous la IIIe République. Sortir de cela, c’est la preuve de son sens politique. »

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