Réforme des retraites : « Le véritable défi consiste surtout à augmenter le taux d’emploi des seniors »

Ça y est, le suspense est levé. La réforme présentée par Elisabeth Borne est plus intéressante qu’une simple réforme paramétrique sur l’âge légal de départ à la retraite, mais elle n’est pas pour autant une véritable réforme systémique. Elle intègre des éléments intéressants, bien au-delà des mesures d’âge, mais il reste du chemin à faire !

Les économistes ont l’habitude de distinguer les réformes paramétriques – par exemple la modification de l’âge légal de départ à la retraite – des réformes systémiques – c’est-à-dire des modifications des règles du système, par exemple le calcul par points, comme le gouvernement l’avait envisagé en 2019. C’est vrai que l’ambition était, à l’époque, démesurée.

Dans la proposition qui va être maintenant débattue au Parlement, il y a bien des mesures paramétriques, comme le report de l’âge légal de départ à la retraite à 63 ans et 3 mois en 2027 et à 64 ans en 2030, ainsi que l’accélération de la réforme Touraine sur le nombre d’annuités nécessaires à l’acquisition d’une retraite à taux plein (quarante-trois). Rappelons que l’âge moyen de départ à la retraite est actuellement de 62,9 ans pour le régime général. En fait, ces mesures d’âge, étalées dans le temps, ne bouleverseront pas fondamentalement la situation actuelle.

Caractère social

Surtout, cette réforme ne possède pas suffisamment d’éléments systémiques, sur la retraite minimum, sur la pénibilité et sur la prise en compte des carrières longues. Une réforme des retraites réussie, nous en sommes convaincus, doit avoir un caractère social, car son acceptabilité est en fait conditionnée par de nombreux déterminants de nature sociologique et économique, au-delà de l’équation financière.

Heureusement, rien n’est encore perdu, car, d’une part, un débat parlementaire aura lieu, et, d’autre part, il est possible de redonner au projet une véritable ambition.

Par rapport aux autres pays européens, le vrai problème ne porte pas sur l’âge de départ réel à la retraite, mais sur le taux d’emploi, nous l’avons souligné depuis plusieurs mois. Rappelons l’incroyable faiblesse du taux d’emploi des seniors de 55 à 64 ans en France, 56 %, soit l’un des plus faibles d’Europe comparé à l’Allemagne (71 %) ou à la Suède (77 %). Si nous avions ce taux suédois, il y aurait environ 1,6 million de seniors de plus en emploi dans les entreprises et les administrations françaises pour créer des richesses supplémentaires, payer des impôts et des cotisations retraite, ce qui redonnerait de l’optimisme pour faire face aux nombreux défis qui assaillent notre pays.

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