Sous la pression de l’extrême droite, une commune de Bretagne abandonne son projet d’accueil de réfugiés

Callac a finalement abandonné son projet d’accueil de réfugiés, largement médiatisé depuis six mois. C’est le maire divers gauche de ce gros bourg des Côtes-d’Armor qui l’a confirmé à l’Agence France-Presse (AFP), le 11 janvier. « Personnellement, a expliqué Jean-Yves Rolland, j’étais pour le projet mais ce n’était plus tenable, le conseil municipal allait tomber (…) J’assume la décision d’arrêter. »

Aux avant-postes de l’opposition, le parti d’Eric Zemmour, Reconquête !, s’est aussitôt félicité de cette « victoire symbolique importante contre l’immigration imposée ». A gauche, deux députés de La France insoumise, Thomas Portes (Seine-Saint-Denis) et Murielle Lepvraud (Côtes-d’Armor) ont regretté l’abandon du projet. « Le gouvernement a laissé la situation pourrir à Callac et n’a rien mis en œuvre pour empêcher les fascistes de faire régner la terreur sur la commune », ont accusé les deux élus dans un communiqué. Avant d’alerter : cette « complaisance insupportable avec les milices fascistes » entraîne « partout sur le territoire une banalisation des idées d’extrême droite ». A l’unisson de la nouvelle secrétaire nationale d’Europe-Ecologie-Les Verts (EELV), Marine Tondelier, qui estime que l’« on n’a pas assez parlé de ce qu’il s’est passé à Callac, où l’Etat a abandonné des élus face aux méthodes menaçantes de l’extrême droite la plus dangereuse ».

Callac était devenue un symbole, trop lourd à porter pour cette petite commune. « Trop de pression, trop de menaces. On a lâché car on n’a pas été aidés. Voilà tout », regrette Laure-Line Inderbitzin, adjointe au maire. La municipalité pensait avoir trouvé la panacée pour redynamiser sa petite ville déclinante, plantée en Centre-Bretagne à l’écart des grands pôles urbains et des principaux axes.

Menaces et harcèlement des élus locaux

Le projet « Horizon », sur lequel le conseil municipal s’accorde en avril avec le fonds de dotation Merci, créé en 2009 par un couple d’entrepreneurs, prévoit d’accueillir progressivement, sur dix ans, des familles réfugiées avec le soutien et l’accompagnement de Merci. Le fonds servirait de levier pour attirer subventions et soutiens privés, aiderait à rénover des bâtiments et faciliterait la création de nouveaux services : une crèche, une librairie ou une ressourcerie. « C’est une réponse à de nombreux enjeux locaux. L’idée est simple : rajeunir, redynamiser notre Centre-Bretagne en accueillant de nouveaux habitants, rappelait Mme Inderbitzin, début novembre 2022. Et, répétons-le, les personnes réfugiées sont une chance pour nos territoires, avec leurs compétences et leurs talents. »

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