Après des années d’hésitations, le gouvernement britannique a annoncé, jeudi 23 février, son intention de créer un régulateur indépendant du football anglais. Ce nouvel organisme – qui ne verra sans doute pas le jour avant deux ans – va développer un système de licence que chaque club professionnel devra obtenir pour pouvoir opérer.
Le reste du football européen risque cependant d’être déçu : l’objectif du gouvernement britannique n’est pas de limiter l’inflation exponentielle des dépenses des clubs les plus riches. Au contraire, la domination financière de la Premier League est considérée comme une success story, et les propositions publiées jeudi font bien attention à ne pas tuer la poule aux œufs d’or.
Néanmoins, l’exécutif cherche à mettre un peu d’ordre dans le football anglais, en exigeant davantage de transparence des propriétaires, en rendant plus audible la voix des supporteurs et en organisant un meilleur partage des revenus entre les clubs de l’élite et ceux des divisions inférieures. Le gouvernement entend aussi bloquer la possibilité de créer des championnats fermés, à l’instar de la proposition de Super Ligue européenne avortée il y a deux ans. « Dans ce pays, le football est plus qu’un sport, explique Stuart Andrew, le ministre des sports. Il fait partie de notre histoire, de notre héritage, de notre mode de vie. »
Partage des revenus
La première dérive que le régulateur – qui n’encadrera que l’Angleterre, pas l’Ecosse ni le Pays de Galles et l’Irlande du Nord – entend éviter est celle qui émaille les divisions inférieures depuis des années : la faillite de clubs mal gérés par des propriétaires peu scrupuleux. Depuis 1992, 64 clubs ont déposé le bilan. En 2020, la disparition de Bury Football Club, un club âgé de 125 ans, avait, par exemple, été vécue comme un drame par ses supporteurs. Son propriétaire l’avait écrasé sous les dettes et s’était montré incapable d’en honorer les remboursements. Le régulateur devra, en principe, pouvoir surveiller les finances des clubs, alerter des éventuelles dérives – dans le cadre de discussions constantes avec leur direction – et pourra imposer des limites dans les dépenses si nécessaire.
Au cœur des problèmes financiers de certains clubs se trouve la question du partage des revenus entre la Premier League – les vingt clubs les plus riches – et l’English Football League (EFL) – les trois divisions inférieures. Les deux instances peinent à trouver un terrain d’entente actuellement, l’EFL réclamant 25 % des revenus, quand la Premier League n’en offre que 15 %. Pour l’instant, le gouvernement les « incite » à trouver une solution entre elles, mais « le régulateur aura les pouvoirs, en dernier recours, pour intervenir et faciliter un accord », explique M. Andrew.
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