Voitures électriques : « Les constructeurs sonnent la retraite de Chine »

C’est ce que l’on appelle une victoire en rase campagne. Ou presque. Un à un, les constructeurs automobiles occidentaux reconnaissent leur impuissance à concurrencer les constructeurs chinois dans le domaine de la voiture électrique. Ils sonnent la retraite de Chine. Dernier en date, Ford. Son patron, Jim Farley, le reconnaît ce mardi 16 mai dans un entretien au Financial Times.

Pour lui, les gagnants ne sont clairement pas les constructeurs automobiles traditionnels mais les nouveaux venus qui s’appellent BYD, Changan ou Li Auto. Le seul occidental à survivre à la nouvelle donne est l’américain Tesla. Les champions de la voiture à l’ancienne sont dans les choux et en tirent les conséquences.

Ford va donc réduire ses investissements et se concentrer sur les véhicules commerciaux. Il reste pourtant un irréductible européen à croire encore à ses chances, c’est Volkswagen. En 2022, il a encore investi près de quatre milliards d’euros. Il va ouvrir un nouveau centre de recherche et a dépensé 2,4 milliards dans une société chinoise d’électronique.

Ordinateurs sur roues

Pour le groupe, présent depuis 1978 en Chine, qui a littéralement créé cette industrie locale, il est impensable de battre en retraite. Sa part de marché dans l’électrique s’est effondrée à seulement 2 %, contre 40 % pour le leader BYD. Il pointe à la neuvième place du classement alors que toute sa stratégie mondiale est désormais tournée vers la transition électrique.

Le constructeur allemand incrimine des retards dans les logiciels. De fait, c’est son point faible majeur alors que les voitures modernes, à l’image de celles de Tesla, deviennent des ordinateurs sur roues. Lundi 8 mai, il a annoncé le limogeage de toute la direction de sa filiale logiciel Cariad, qui emploie plus de 5 000 personnes et rassemble tous les cerveaux de Volkswagen dans le domaine. Aujourd’hui, le constructeur est même distancé dans le domaine d’avenir de la voiture autonome.

Pour Volkswagen, le défi est quasiment existentiel puisqu’il tire plus de la moitié de ses bénéfices mondiaux de ses activités en Chine. Comme Ford ou Stellantis, il peut encore compter sur les marchés européens et américains et multiplie les implantations d’usines sur ces deux continents notamment dans les batteries. Mais dans ce secteur également, comme l’admet le patron de Ford, les Chinois sont indispensables. C’est même la principale raison désormais de sa présence en Chine. Contenir l’essor du dragon.