A moins de deux semaines du sommet de l’OTAN à Vilnius, les 11 et 12 juillet, la Suède ne pouvait imaginer pire scénario. Alors que le royaume scandinave a longtemps espéré y participer en tant que membre à part entière de l’Alliance transatlantique, les évènements de ces derniers jours semblent avoir anéanti toutes ses chances de voir sa candidature ratifier à temps.
Jeudi 29 juin, à Ankara, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui continue de s’opposer à l’adhésion suédoise, a témoigné de son indignation à la suite de l’autodafé du Coran, perpétré la veille, devant la plus grande mosquée de Stockholm, au premier jour de l’Aïd-el-Kébir, par un réfugié irakien. « Nous allons finir par apprendre aux Occidentaux arrogants qu’insulter les musulmans n’est pas la liberté d’expression », s’est insurgé le président turc, lors d’une allocution télévisée.
A Bagdad, pendant ce temps-là, des manifestants forçaient l’entrée de l’ambassade de Suède. L’assaut n’a duré qu’une quinzaine de minutes, avant que les forces gouvernementales irakiennes ne dispersent les manifestants. Mais il fait craindre un embrasement au Moyen-Orient, alors que plusieurs pays, tels que la Jordanie, l’Arabie saoudite et l’Irak, ont convoqué les ambassadeurs suédois en poste dans leur capitale pour leur faire part de leur colère. Le Maroc a quant à lui rappelé son ambassadeur à Stockholm, condamnant un acte « offensant et irresponsable ».
Geste « inapproprié »
Mercredi, le premier ministre suédois, Ulf Kristersson, avait estimé que si brûler le Coran était « légal » dans son pays, le geste était « inapproprié ». Le 21 janvier, la police suédoise avait autorisé un rassemblement devant l’ambassade de Turquie à Stockholm, au cours de laquelle un extrémiste de droite suédo-danois avait mis à feu un exemplaire du livre saint des musulmans, provoquant une première crise diplomatique avec Ankara. Par la suite, les forces de l’ordre avaient rejeté toutes les nouvelles demandes, invoquant le risque de faire de la Suède « une cible prioritaire pour les attentats ».
Les manifestants avaient fait appel de cette décision. Début avril, le tribunal administratif de Stockholm leur a donné raison. Ce jugement a été confirmé le 12 juin par la cour d’appel administrative, qui a estimé que les risques d’une attaque ne suffisaient pas à justifier l’interdiction. C’est sur cette base que la police stockholmoise a approuvé la demande de Salwan Momika, l’auteur du deuxième autodafé, un Irakien de 37 ans, réfugié en Suède, qui fait désormais l’objet d’une plainte pour incitation à la haine raciale.
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