Les plus complexes des semi-conducteurs fabriqués en Allemagne? C’est ce que le géant taïwanais TSMC, producteur de ces puces électroniques, véritables cerveaux de nos appareils électroniques devrait annoncer mardi 8 août selon le quotidien allemand Handelsblatt.
Le conseil d’administration du groupe, premier fabricant au monde de semi-conducteurs, se réunit mardi pour officialiser la décision attendue depuis des mois, ajoute le journal d’informations économiques. Le fabricant taïwanais prévoit d’investir une dizaine de milliards d’euros dans la région de Dresde, place forte de l’industrie des semi-conducteurs en Europe. L’Etat allemand devrait lui investir cinq milliards d’euros de subventions, à travers le fonds fédéral pour le climat et la transformation.
L’usine sera exploitée par une co-entreprise que TSMC doit former avec trois autres partenaires : le Néerlandais NXP et les Allemands Infineon et Bosch à hauteur de 10% chacun, d’après le mensuel allemand Manager Magazin.
La première usine TSMC d’Europe
Il s’agirait de la première usine en Europe de TSMC, alors que les pays occidentaux s’efforcent de renforcer leur contrôle sur la fabrication de ces composants cruciaux pour produire tous les objets électroniques, des ordinateurs portables aux voitures, en passant par les missiles.
A l’origine de ce mouvement de relocalisation vers l’Europe : une pénurie de ces composants suite à la congestion de la chaîne logistique lors de la reprise économique post Covid-19 et surtout la menace d’une invasion de Taïwan, où est basé TSMC, par la Chine. Dans ce contexte de tension, le producteur de puces cherche à s’internationaliser. L’essentiel de la production de TSMC est aujourd’hui basée à Hsinchu, dans le nord de Taïwan, mais le groupe développe son activité mondiale avec, en plus de ce futur projet allemand, la construction d’une usine de production en Arizona, reportée à 2025 en raison de difficultés de recrutement de travailleurs qualifiés aux Etats-Unis.
Ces nouvelles usines signifieraient-elles la volonté du groupe Taiwanais de quitter progressivement son île? Contactés par l’AFP, le ministère allemand de l’Économie et TSMC n’ont pas commenté les informations de Handelsblatt. Mais le PDG du groupe, CC Wei s’était exprimé lors de l’inauguration, le 28 juillet, d’un nouveau centre de recherches et développement à Hsinchu, dans le nord Taiwan. « Nous avons entendu des voix exprimer des inquiétudes quant à savoir si TSMC déporterait son centre d’intérêt à l’étranger et si TSMC arrêterait son développement à Taïwan. C’est non », a-t-il déclaré, avant d’ajouter que « avec l’ouverture du centre mondial de R&D, nous disons aux Taïwanais que nos racines resteront à Taïwan. »
L’Allemagne se voit en champion des semi-conducteurs
Délocalisation ou non, toujours est-il que l’Allemagne se veut le fer de lance d’un mouvement porté par le règlement européen « Chip act » destiné à accroître la souveraineté européenne dans la production de puces en multipliant par deux la part qu’elle représente dans la production mondiale de puces, pour la porter à 20% (contre 10% environ actuellement) d’ici à 2030 en mobilisant 43 milliards d’euros d’investissements publics et privés en faveur de cette industrie.
Fort de cet engagement européen, et de ses subventions, Berlin déploie l’artillerie lourde pour attirer les producteurs internationaux de puces. Ainsi, outre TSMC, l’Allemagne avait annoncé, mi-juin, augmenter à près de 10 milliards d’euros la subvention au géant américain des semi-conducteurs Intel, qui construit une nouvelle usine à Magdebourg (centre-est). L’allemand Infineon a aussi récemment lancé à Dresde un chantier à 5 milliards d’euros pour construire une nouvelle usine de semi-conducteurs tout comme l’Américain Wolfspeed qui a aussi annoncé un important investissement dans l’ouest de l’Allemagne. Cette nouvelle industrie relocalisée est très intéressante pour la première économie européenne au moment où elle affiche une conjoncture au point mort avec une production industrielle en baisse de 1,7% sur un an et cherche à s’assurer les bases d’une relance industrielle.
(Avec AFP)