Une formalité, ou presque. Fabrice Fries, le président de l’Agence France-Presse (AFP) depuis avril 2018, a été reconduit pour un deuxième mandat de cinq ans par un vote du conseil d’administration (CA) réuni jeudi 10 novembre après-midi.
Dans un mail interne intitulé « Stop ou encore », envoyé il y a un mois, le dirigeant avait informé les salariés de son désir de poursuivre sa tâche à la tête de l’organisme aux missions d’intérêt général – financées pour un tiers par l’Etat. Le dirigeant a recueilli 14 suffrages positifs (13 étaient nécessaires), pour quatre abstentions et aucun vote contre. Si le vote avait été négatif, un appel à candidatures aurait été lancé. Son nouveau mandat commencera à l’expiration du précédent, le 15 avril 2023.
Les administrateurs auront sans doute été sensibles à l’assainissement de la situation financière de l’entreprise aux 2 400 collaborateurs (dont 1 700 journalistes) qui réalisera 320 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022 (207 millions de recettes commerciales, 113 millions de soutien de l’Etat). Nommé en 2018 après le retrait de la candidature d’Emmanuel Hoog, son prédécesseur, Fabrice Fries, 62 ans, peut en effet se targuer d’avoir remis l’AFP « sur les rails, retrouvant croissance, profitabilité et attractivité ».
« Il n’y aura pas de nouveau plan de départs »
« C’est l’histoire d’un retournement financier très rapide », déclare-t-il au Monde. A son arrivée, cet énarque passé par la Cour des comptes, le groupe Vivendi, Atos ou encore Publicis Consultants (qu’il a présidé), avait trouvé des comptes dans le rouge (20 millions d’euros de pertes entre 2014 et 2018). Cette année-là, la Cour des comptes avait estimé que la gestion de l’entreprise péchait par excès de charges et insuffisance de ses développements commerciaux. Deux défauts que M. Fries s’est évertué à effacer : dans le bilan qu’il a fourni à son CA, et que Le Monde a pu consulter, le dirigeant se félicite d’avoir « contenu » la progression des charges (par le biais d’un plan de départs de 90 personnes, et une rationalisation immobilière ayant permis une économie de 3 millions d’euros) et « étoffé le portefeuille produits » avec le développement de l’offre vidéo et de l’investigation numérique. Le plus dur reste cependant à venir : cette fois, prévient le PDG, « on va faire de la dentelle » pour rester profitable.
Le déclenchement de la guerre en Ukraine est en effet venu compliquer une équation déjà ardue. D’un côté, le chiffre d’affaires médias (130 millions d’euros) est en baisse depuis trois ans ; de l’autre, les « charges de personnel » (soit les trois quarts des charges d’exploitation) augmentent mécaniquement de 3 millions d’euros annuels. Depuis le début de l’année, il faut en outre lutter contre la hausse des prix de l’énergie, l’appréciation du dollar face à l’euro, tout en composant avec la fragilisation économique des éditeurs de presse (tributaires de l’augmentation du prix du papier) ou encore les menaces qui pèsent sur les activités de fact-checking rémunérées par Meta. « Alors que l’AFP aura connu une forte croissance de ses revenus en 2021 (+ 4,2 %) et 2022 (+ 5,1 % projetés), la progression sera vraisemblablement plus mesurée à l’avenir », écrit-il aux administrateurs, dont de nombreuses questions ont porté sur le risque de dépendance de l’agence aux Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), qui traversent actuellement une passe difficile.
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