Il n’y a désormais plus de doute sur l’importance du « laboratoire syrien » dans l’offensive généralisée de la Russie contre l’Ukraine. C’est en Syrie que le Kremlin a testé, puis banalisé des techniques de terreur ciblant la population civile pour mieux affaiblir l’opposition armée : destruction systématique de ponts, d’écoles et d’hôpitaux ; simulacres de « corridors humanitaires » pour mieux piéger les civils croyant échapper à l’enfer ; rouleau compresseur de l’envahisseur visant à ne laisser à la population que l’alternative entre la soumission et l’exode, le tout sur fond de paralysie de l’ONU par le veto russe.
En outre, le général Sergueï Sourovikine, que Vladimir Poutine a nommé à la tête de « l’opération militaire spéciale », en octobre dernier, a longtemps dirigé les troupes russes en Syrie. Et c’est dès sa prise de fonction que l’intégration des drones iraniens aux vagues de bombardements russes s’est avérée dévastatrice pour les infrastructures énergétiques, avec pour objectif affiché de briser par l’hiver glacial la résistance ukrainienne.
Les drones « martyrs » de l’Iran
Le régime Assad s’est très tôt doté de drones iraniens d’observation, de type Mohajer-4 ou Ababil-3, d’une autonomie d’une centaine de kilomètres. Ils sont produits par l’Iranian Aircraft Manufacturing Industries, une société désignée par son acronyme persan de HESA. Ces armements portent des noms à forte résonance islamique, Mohajer signifiant « émigré », en référence aux Mecquois convertis à l’Islam qui ont, en 622, accompagné le prophète Mohammed dans son hégire vers Médine. Quant aux Ababil, ils désignent dans le Coran les oiseaux qui auraient protégé, vers 570, La Mecque contre les envahisseurs venus du Yémen.
Les revers du régime Assad face à l’insurrection révolutionnaire ont contraint l’Iran, à partir de 2012-13, à s’engager de plus en plus en Syrie, soit directement par le biais des gardiens de la révolution, soit indirectement par le truchement du Hezbollah libanais, puis des milices pro-iraniennes venues d’Irak. Cet engagement iranien s’est accompagné d’une montée en puissance des drones employés, avec cette fois entrée en jeu de drones de combat de type Shahed (« Martyr ») 123, puis 129.
La campagne de Syrie que déclenche le Kremlin, en septembre 2015, pour sauver le régime Assad menacé d’effondrement, entraîne une collaboration opérationnelle d’une intensité sans précédent entre les forces russes et iraniennes. C’est tout particulièrement vrai à la base aérienne de Tiyas, dite T-4, proche de Palmyre, où cohabitent les contingents des deux pays. C’est sur cette base que les ingénieurs iraniens assemblent et opèrent les Shahed-129, testant et perfectionnant leurs capacités de combat, par embarquement d’un missile antichar.
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