Le tueur en série Charles Sobhraj, dit « le Serpent », de retour en France après dix-neuf ans de prison au Népal

Le tueur en série français Charles Sobhraj, 78 ans, dit « le Serpent », est arrivé en France, samedi 24 décembre, après avoir passé dix-neuf ans dans les geôles de Katmandou, au Népal. Condamné pour le meurtre de deux touristes nord-américains et soupçonné d’avoir tué une vingtaine de personnes dans les années 1970 en Asie, il a atterri à l’aéroport Roissy – Charles-de-Gaulle, à Paris, à bord d’un avion en provenance de Doha, au Qatar.

Charles Sobhraj a aussitôt été pris en charge par la police, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) qui voyageait avec lui. Après des « vérifications d’identité », il a quitté discrètement l’aéroport, a-t-on appris de source aéroportuaire.

Dans l’avion qui le conduisait à Doha, où il est arrivé en transit vendredi soir, le septuagénaire a assuré au journaliste de l’AFP qu’il était « innocent » des crimes qui lui sont reprochés :

« Je suis innocent dans tous ces dossiers (…) Tout a été bâti sur de faux documents. J’ai beaucoup de choses à faire. Je dois poursuivre de nombreuses personnes en justice, y compris l’Etat du Népal. Le juge, sans interroger le moindre témoin (…) et sans permettre à l’accusé de présenter le moindre argument, a écrit le verdict (…). Tous les juges étaient partiaux. »

« Il aura fallu plus de dix-neuf ans pour qu’il retrouve sa liberté et j’en suis très heureuse et très choquée », a commenté devant la presse son avocate française, Isabelle Coutant-Peyre, qui est venue le chercher à l’aéroport. « Il a été condamné injustement sur un dossier fabriqué avec des pièces falsifiées par la police népalaise. C’est un scandale, on le présente comme un tueur en série, ce qui est complètement faux », a-t-elle ajouté.

Plus de la moitié de sa vie en prison

La Cour suprême du Népal a décidé la remise en liberté de Charles Sobhraj mercredi. Elle a affirmé qu’il avait besoin d’une opération à cœur ouvert et que sa décision était conforme à une loi autorisant la libération des prisonniers alités ayant déjà purgé les trois quarts de leur peine. Elle a ordonné qu’il soit expulsé dans les quinze jours vers la France.

Encadré par des policiers, Charles Sobhraj, portant un masque médical, n’avait fait aucun commentaire à la foule de journalistes qui l’attendait à sa sortie de prison.

Avant l’annonce de son transfèrement, le Quai d’Orsay avait fait savoir que la France l’accueillerait si une demande d’extradition lui était « notifiée ».

Citoyen français de mère vietnamienne et de père indien, Charles Sobhraj a commencé à parcourir le monde au début des années 1970 et s’est retrouvé dans la capitale thaïlandaise, Bangkok. Se faisant passer pour un négociant en pierres précieuses, il se liait d’amitié avec ses victimes, souvent des routards occidentaux, avant de les droguer, de les voler et de les assassiner. « Il méprisait les routards, de pauvres jeunes drogués. Lui se voyait en héros criminel », confiait en 2021 à l’AFP la journaliste australienne Julie Clarke, qui l’a interviewé.

Il a d’abord été surnommé le « tueur au bikini », en 1975, après la découverte du corps vêtu d’un seul bikini d’une Américaine sur une plage thaïlandaise. Son autre surnom, « le Serpent », lui vient de sa capacité à prendre d’autres identités pour échapper à la justice.

Il échappe plusieurs fois aux policiers, mais, en juillet 1976, après avoir tenté d’intoxiquer un groupe de touristes français à New Delhi, il est arrêté et emprisonné dans la capitale indienne. La justice le condamne à douze ans de prison, non pas pour sa tentative de meurtre, mais pour avoir tenté de voler des bijoux. Alors que la date de sa sortie approche, Charles Sobhraj s’évade de prison, déguisé en gardien. Il est appréhendé à Goa et condamné à dix ans d’emprisonnement supplémentaires. La manœuvre lui a permis de ne pas être extradé en Thaïlande, où il risquait la peine de mort.

En avril 1997, à la fin de sa peine, New Delhi l’expulse vers la France. Il passe six années entre interviews et négociations de droits d’adaptation de sa vie à l’écran. « Le Serpent » est devenu une star du crime. Il est même devenu le titre d’une série à succès réalisée par la BBC et Netflix qui s’inspire de sa vie. Mais, trop sûr de lui, il revient en 2003 au Népal, où il est recherché pour l’assassinat de deux touristes nord-américains. Il est arrêté et condamné à vingt ans de prison. Au total, il aura passé plus de la moitié de sa vie en prison.

Le Monde avec AFP

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