Mort de Mahsa Amini : « La seule manière de mettre fin à la crise en Iran est d’en finir avec l’intervention des religieux dans la politique »

La police iranienne des mœurs fait beaucoup parler d’elle depuis l’arrestation de Mahsa Amini pour un voile inapproprié et la mort de la jeune femme [le 16 septembre] à la suite des coups reçus dans ses locaux.

De nombreuses vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent l’agressivité de cette police tuant des hommes et des femmes parce qu’ils ont une autre conception de la morale ou parce qu’ils réclament leur droit à la liberté et à la dignité.

A l’origine de la police des mœurs se trouve le principe islamique « ordonner le convenable et dénoncer le blâmable », évoqué dans plusieurs versets coraniques. Des versets que les juristes des premiers siècles de l’islam ont choisis, pour des raisons politiques, au détriment de ceux qui recommandent le respect des libertés individuelles, tel le verset 105 de la sourate 5, La Table servie : « Ô les croyants ! Vous êtes responsables de vous-mêmes ! Celui qui s’égare ne vous nuira point si vous avez pris la bonne voie. »

Dans son ouvrage Le Perfectionnement des sciences du Coran, le théologien Al-Suyuti (1445-1505) raconte que ce verset a été abrogé par la règle « ordonner le convenable et dénoncer le blâmable ».

La police des mœurs a comme rôle de veiller au respect des préceptes de l’islam. En réalité, les versets qui évoquent ce principe ne donnent aucune précision sur la manière de le mettre en œuvre, ce qui fait que les musulmans se réfèrent davantage à un hadith [propos] du Prophète dans lequel il aurait dit : « Celui qui voit le mal, qu’il le change avec la main. S’il ne le peut pas, avec la parole. S’il ne le peut pas, avec le cœur, et c’est le dernier degré de la foi. »

Selon ce hadith, l’individu ne se contente pas de surveiller et de juger le comportement de l’autre. Il intervient aussi pour l’empêcher de commettre le mal ou pour mettre fin à ce qu’il juge comme étant un comportement immoral. Les musulmans se réfèrent également à la jurisprudence des premiers juristes et théologiens, qui ont décidé que ce principe était un devoir moral et religieux que non seulement l’individu devait accomplir, mais aussi celui qui détient l’autorité, c’est-à-dire l’Etat.

Pour les sunnites, « ordonner le convenable et dénoncer le blâmable » est l’un des principes de l’islam les plus importants. Il est constamment rappelé comme un fondement de toute théorie sociale et morale ; la preuve en est que la police des mœurs existe également en Arabie saoudite et en Afghanistan.

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