Loi de programmation militaire : un budget colossal mais des choix drastiques

C’est par un chiffre massue énoncé d’une voix grave, que le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, a choisi de répondre, vendredi 20 janvier, depuis la base aérienne de Mont-de-Marsan (Landes), aux temps de guerre qui menacent l’Europe depuis le début du conflit ukrainien. Alors qu’au printemps, le président avait décidé de hâter la préparation d’une nouvelle loi de programmation militaire (LPM), le montant qui y sera finalement alloué atteindra les 413 milliards d’euros sur sept ans, a-t-il dévoilé à l’occasion de ses vœux aux armées. Une somme sans précédent, constituée autant de paris que de choix drastiques.

« Nous devons avoir une guerre d’avance (…) tirer les conséquences de ce que notre époque porte en germe », a développé en préambule le chef de l’Etat, sur une tribune encadrée d’un Rafale et d’un imposant système de défense sol-air Mamba, deux équipements déployés sur le flanc est de l’Europe face à la Russie. « L’un des pièges serait de s’épuiser en ne cherchant que le raffinement technologique, l’autre serait de ne pas investir », a ajouté en introduction M. Macron, devant un parterre de militaires, précisant que certaines de ses décisions « amorcent » un changement « irréversible ».

Avec une enveloppe globale de 413 milliards d’euros, la future LPM qui doit couvrir la période 2024-2030, se révèle être le plus important budget jamais consacré aux armées depuis les années 1960, lorsque le général De Gaulle avait décidé de doter la France de l’arme nucléaire. Un symbole largement souligné, ce vendredi, par le chef de l’Etat. Une somme qui correspond aussi à plus de 100 milliards de crédits supplémentaires comparés à la précédente LPM, qui était prévue pour la période 2019-2025 et dont le budget avoisinait les 300 milliards.

Soucieux qu’un tel budget puisse être incompris d’une partie de l’opinion à l’heure où les carences du financement public, de l’école aux hôpitaux, alimentent les tensions sociales, le discours de M. Macron a visé en creux à en justifier les enjeux. « Il n’y a dans ce projet ni luxe, ni aise, ni confort. Il n’y a que le nécessaire », a assuré le chef de l’Etat. « A l’heure où chaque euro du contribuable français doit être épargné, il a fallu trouver le meilleur compromis entre une défense à la hauteur de nos ambitions et le principe essentiel de sobriété », a-t-il complété.

Un « nouveau modèle d’armée »

Une loi de programmation militaire n’est pas, par nature, un exercice de grande transparence, une bonne part du détail des budgets envisagés étant classés secret-défense. Les mots choisis, en partie à des fins de signalement stratégique, comptent donc autant que la réalité des moyens planifiés. A écouter le chef de l’Etat, c’est d’abord le renforcement de la dissuasion « dans des conditions particulières et évolutives » qui concentrera une part conséquente des moyens de la future LPM. Jusqu’ici, le montant alloué à la dissuasion chaque année était estimé à 5,6 milliards par an.

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