Pékin juge « inacceptables » les tests Covid demandés aux voyageurs en provenance de Chine

Le ministre français de la santé, François Braun, et le ministre délégué aux transports, Clément Beaune, visitent le centre de dépistage Covid-19 à l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle de Roissy, en banlieue parisienne, le 1er janvier 2023, alors que la France renforce les mesures sanitaires aux frontières pour les passagers en provenance de Chine.

Plus d’une douzaine de pays – dont la France – ont imposé ces derniers jours des tests Covid aux passagers en provenance de la Chine, s’inquiétant du manque de transparence du nombre d’infections et redoutant l’apparition de nouveaux variants. Pékin a fermement condamné cette injonction, mardi 3 janvier : « Certains pays ont mis en place des restrictions à l’entrée visant uniquement les voyageurs chinois. Cela est dénué de base scientifique et certaines pratiques sont inacceptables », a fustigé une porte-parole du ministère des affaires étrangères, Mao Ning.

La Chine pourra « prendre des contre-mesures, selon le principe de réciprocité », a-t-elle averti.

Ces déclarations surviennent près d’un mois après la levée surprise, le 7 décembre, par la Chine de ses restrictions sanitaires, décision qui entraîne depuis un afflux de patients dans les hôpitaux et de victimes du Covid-19 dans les crématoriums. A partir de dimanche, Pékin n’imposera plus de quarantaine aux personnes arrivant de l’étranger, mais continue de demander un test PCR négatif aux voyageurs et ne délivre plus de visas de tourisme depuis bientôt trois ans.

La présentation avant l’embarquement d’un test de dépistage du Covid-19 négatif de moins de quarante-huit heures deviendra obligatoire le 5 janvier pour les voyageurs de plus de 11 ans souhaitant se rendre en France en provenance de Chine, peut-on lire dans un décret paru samedi 31 décembre au Journal officiel.

Cette photo montre un document d’information sur les mesures préventives Covid-19 remis aux passagers d’un vol en provenance de Chine à l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle de Roissy, en banlieue parisienne, le 1er janvier 2023, alors que la France renforce les mesures sanitaires aux frontières pour les voyageurs arrivant de Chine.

« On veut s’assurer qu’il n’y a pas de nouveaux variants »

« Je pense qu’on est dans notre rôle en protégeant les Français et en demandant des tests », a réagi mardi la première ministre française, Elisabeth Borne, interrogée sur Franceinf

« On fait ça dans le respect des règles de l’Organisation mondiale de la santé et on continuera à le faire. […] Notre objectif, et je pense que tous les scientifiques sont d’accord sur ce point, c’est vraiment de pouvoir surveiller l’évolution de l’épidémie. »

Mme Borne a rappelé que, depuis dimanche, les passagers qui embarquent dans un vol en provenance de Chine à destination de la France « s’engagaient à accepter un test à l’arrivée, un test qui fait l’objet aussi, quand il est positif, d’un séquençage. Ça nous permet d’avoir une donnée sur l’évolution du virus. On veut évidemment s’assurer qu’il n’y a pas des nouveaux variants ».

70 % de la population de Shanghaï potentiellement touchée

La Chine fait actuellement face à sa plus importante flambée de cas. « Actuellement, l’épidémie à Shanghaï est très étendue et elle pourrait avoir touché 70 % de la population, soit 20 à 30 fois plus » que lors de la flambée précédente au printemps 2022, a déclaré Chen Erzhen, vice-président de l’hôpital Ruijin, à un blog affilié au Quotidien du peuple.

Capitale économique de la Chine, Shanghaï, 25 millions d’habitants avait été placée sous confinement strict pendant deux mois à partir d’avril, alors que 600 000 habitants étaient contaminés. Une grande partie d’entre eux avaient été emmenés en centres de quarantaine. Désormais, le variant Omicron s’y répand très rapidement.

Egalement membre du conseil d’experts sur le Covid-19 de Shanghaï, Chen Erzhen a précisé que son hôpital recevait 1 600 admissions en urgence par jour – le double par rapport à la période ayant précédé la levée des restrictions –, 80 % concernant des malades du Covid-19. Selon lui, « plus de 100 ambulances arrivent à l’hôpital chaque jour », et la moitié des patients admis en urgence sont âgés de plus de 65 ans, donc plus vulnérables.

Dans d’autres grandes villes chinoises, comme Pékin, Tianjin (Nord), Chongqing (Sud-Ouest) et Canton (Sud), les autorités sanitaires estiment que le pic est déjà passé. Mais cette vague de Covid-19 dans les grandes villes devrait bientôt toucher les zones rurales de la Chine, où les services de santé sont moins fournis.

Forte hausse attendue dans les campagnes

Alors que des millions d’habitants retourneront dans leurs provinces natales pour célébrer le Nouvel An lunaire à partir du 21 janvier, une haut responsable de la Commission nationale de santé (NHC), Jiao Yahui, a reconnu lors d’un entretien avec la télévision d’Etat CCTV, lundi, que cette forte hausse attendue dans les campagnes représentait un « énorme défi ».

« Ce qui nous inquiète le plus, c’est que ces trois dernières années, personne n’est rentré dans sa province pour le Nouvel An lunaire, mais cette année c’est enfin possible. En conséquence, il pourrait y avoir un rebond des voyages de citadins vers les campagnes pour rendre visite à leurs proches, ce qui nous inquiète davantage pour l’épidémie en zones rurales. »

Elle a aussi admis que les services d’urgence des hôpitaux étaient sous pression et promis que les autorités coordonneraient les ressources pour permettre aux patients dans les zones les plus reculées d’être soignés.

Le Monde avec AFP

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