« Le partenariat Atos-Airbus intéresse l’objectif d’autonomie stratégique de l’UE »

Il faut un industriel français, avait prévenu le gouvernement. Les activités de big data, de cryptage, de supercalcul et de cybersécurité d’Atos sont trop stratégiques pour tomber dans des mains étrangères. Après une approche d’Orange et du groupe d’électronique et de défense Thales, qui ne voulait pas reprendre l’ensemble, c’est Airbus qui épaulera la société informatique en difficulté. Atos l’a lui-même annoncé, dans un communiqué publié jeudi 16 février.

Atos a reçu « une offre indicative d’Airbus pour conclure un accord stratégique et technologique de long terme et acquérir une participation minoritaire de 29,9 % dans Evidian », l’entité où seront logés les meilleurs actifs d’Atos, en cours de scission, au second semestre, indique la société. Elle prévient néanmoins qu’elle ne lui accorde pas d’exclusivité et qu’« aucune certitude ne peut être apportée quant à l’issue des négociations ».

L’acquisition représenterait un investissement de plus de 1 milliard d’euros pour le constructeur aéronautique, qui en a les moyens. Il a publié, jeudi, un chiffre d’affaires de 58,8 milliards d’euros (+ 13 %) et un bénéfice record de 4,2 milliards pour 2022, malgré les tensions sur sa chaîne d’approvisionnement qui l’empêchent d’accélérer ses cadences de production et d’honorer toutes ses commandes en temps et en heure.

Marges à deux chiffres

Cette opération est intéressante à un double titre. Pour l’Union européenne d’abord, où Thierry Breton, commissaire chargé de l’industrie et ex-patron d’Atos, ne jure que par l’« autonomie stratégique ». Ce rapprochement créerait « un acteur européen de premier plan dans le domaine de la cybersécurité et dans la digitalisation de la défense, de la sécurité publique et des infrastructures nationales critiques », indique Atos.

Le groupe fournit déjà le système d’information du programme Scorpion de modernisation de l’armée de terre, sécurise des sites de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord et réalise des calculs pour la dissuasion nucléaire.

L’opération est aussi intéressante pour l’avionneur européen. Airbus Defense and Space, associé à Dassault Aviation dans le Système de combat aérien du futur, a besoin de se renforcer pour mettre au point le cloud de combat, un des piliers majeurs du programme franco-germano-espagnol.

Et comme tous les industriels, Airbus veut aussi, au-delà de ses appareils, aider les compagnies aériennes à optimiser les trajectoires des 12 000 Airbus en vol et assurer la meilleure maintenance prédictive. Données et capacités de calcul sont essentielles pour offrir de tels services, où le groupe est déjà présent avec Palantir et leur plate-forme commune Skywise. Un marché énorme, avec des marges à deux chiffres, où l’éternel rival Boeing n’est pas resté inactif.

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