Les insultes de Cyril Hanouna au député Louis Boyard valent à C8 une amende record de l’Arcom

La plus forte amende jamais infligée à un opérateur de télévision. C’est par une sanction d’un montant de 3,5 millions d’euros que l’Arcom a décidé, jeudi 9 février, de clore la procédure engagée à la suite des insultes proférées par Cyril Hanouna à l’encontre du député de La France insoumise Louis Boyard, le 10 novembre 2022, sur le plateau de l’émission de C8 « Touche pas à mon poste ».

A la suite des recommandations de sanctions formulées par le rapporteur indépendant nommé dans cette affaire et parvenues à l’Arcom le 17 janvier, des représentants de la chaîne ont été entendus mercredi 8 février, lors d’une audition menée, à leur demande, à huis clos. C’est au terme de ces échanges qu’en réunion plénière, l’Autorité a arrêté cette sanction, au motif que les propos tenus par l’animateur (« abruti », « tocard », « merde », etc.) « ont porté atteinte aux droits de l’invité, au respect de son honneur et de sa réputation ». L’éditeur, en l’occurrence C8, a manqué à son obligation de maîtrise de l’antenne, note encore le régulateur.

Une mise en demeure a, en outre, été prononcée à l’encontre de la chaîne, pour ne pas avoir respecté ses obligations en matière d’honnêteté et d’indépendance de l’information. Au cours de l’émission, estime l’Arcom, Louis Boyard a « été explicitement empêché d’exprimer un point de vue critique à l’égard d’un actionnaire du Groupe Canal+, auquel appartient C8 » ; les conditions « qui garantissent l’indépendance de l’information » n’étaient donc plus réunies lorsque Cyril Hanouna a fait en sorte que Louis Boyard n’aille pas au terme de son propos visant Vincent Bolloré, premier actionnaire de Vivendi, propriétaire du groupe Canal+.

« Jeu obscène » et « commentaires graveleux »

En début de soirée, le Groupe Canal+ a indiqué qu’il allait « mettre en œuvre les voies de recours possibles dans les plus brefs délais ». Canal+ a déjà contesté plusieurs fois par le passé les décisions de l’Arcom, avec plus ou moins de succès. S’il est arrivé que le Conseil d’Etat déjuge le régulateur (en 2019, il l’a enjoint à rembourser à C8 1,1 million d’euros, après une sanction de privation de diffusion d’une semaine de publicité), Canal+ n’obtient pas toujours gain de cause lors de ses recours.

Ainsi, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) avait-elle fait savoir, jeudi matin, par communiqué de presse, que, à la suite de deux sanctions prononcées en 2017, elle repoussait deux requêtes formées par la chaîne – que le Conseil d’Etat avait lui-même déjà retoquées.

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