Au procès d’Hubert Falco, le procureur requiert « la fin immédiate » des mandats du maire de Toulon

Hubert Falco, au palais de justice de Marseille, le 12 avril 2023.

Mathieu Vernaudon n’est pas de ces procureurs qui aiment le suspense. « Je vais vous demander de mettre fin immédiatement aux mandats électifs d’Hubert Falco », lance-t-il à l’ouverture de son réquisitoire, jeudi 13 avril, devant le tribunal correctionnel de Marseille qui juge pour « recel de détournement de fonds publics » le maire (ex-Les Républicains, rallié à Emmanuel Macron) de Toulon et président de la métropole Toulon-Provence-Méditerranée.

Deux heures plus tard, au terme d’une charge implacable, il requiert contre le vieux baron de la politique varoise, 75 ans, trois ans de prison avec sursis, une privation des droits civils et civiques pendant cinq ans, mais surtout il réclame l’exécution provisoire de l’inéligibilité, l’élu ayant « tout tenté pour échapper à cette condamnation ». Pour avoir « bénéficié de l’argent public », M. Vernaudon sollicite également la confiscation des 55 000 euros qui avaient été saisis, en octobre 2021, sur les comptes de l’élu.

Une peine de deux ans de prison avec sursis et une privation pendant cinq ans des droits civils et civiques sont réclamées contre Marc Giraud, 71 ans, ancien président du conseil départemental du Var de 2015 à 2022, coupable aux yeux du procureur d’avoir maintenu les avantages indus fournis par la collectivité à M. Falco. Mais là, pas d’exécution provisoire requise, M. Giraud ayant déjà été privé en octobre 2022 de son éligibilité par le tribunal correctionnel de Toulon dans une autre affaire de détournements de fonds publics.

Repas, pressing…

Le dossier du « frigo de Falco » – loin d’être l’affaire du siècle, reconnaît l’accusation –, pourrait donc sonner la fin de la carrière politique d’Hubert Falco dont l’habitude était de déjeuner gratuitement à la cafétéria du conseil départemental, une collectivité qu’il avait présidée de 1994 à 2002. L’accusation lui reproche aussi d’avoir bénéficié des services d’un maître d’hôtel du Département chargé de préparer ses repas, y compris ceux du soir et des week-ends, déposés dans un frigo où M. Falco les récupérait. Le maire bénéficiait aussi du marché à bons de commande passé entre le Département et un pressing pour blanchir son linge. Pour les seuls frais de bouche, les enquêteurs ont estimé leur montant à 1 500 euros mensuels.

Le procureur s’appuie sur les témoignages d’agents départementaux. Des cuisines jusqu’au cabinet du président, ils étaient nombreux à être au fait de ce « secret de Polichinelle ». Des cuisiniers ont reconnu fabriquer ces repas du soir et des directeurs de service évoquaient par mail une solution pour mettre fin à ces pratiques illégales. « Chaque strate a informé la strate supérieure, jusqu’au président du conseil départemental », relève M. Vernaudon. Magistrat du parquet financier, le procureur file la comparaison avec les dossiers de « [s]es collègues de la section criminalité organisée ». Il déplore « une véritable omerta » au sein de l’institution, des directeurs placés en garde à vue avouant leur « peur des représailles ».

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