A l’instar de chaque innovation, l’intelligence artificielle (IA) alimente les craintes de destruction d’emplois. Alors que le programme ChatGPT suscite l’intérêt du grand public et réveille l’appétit des investisseurs, le Forum économique mondial chiffre, dans une étude publiée lundi 1er mai, les pertes nettes d’emplois à 14 millions dans le monde au cours des cinq prochaines années (69 millions de créations et 83 millions de destructions), soit 2 % du total. Il anticipe que près d’un quart des salariés changeront de métier, principalement en raison de l’irruption des nouvelles technologies.
Les auteurs de l’étude fondent leurs estimations sur les informations collectées auprès de 803 entreprises du monde entier faisant travailler 11,3 millions de personnes. Les créations seraient les plus importantes dans les secteurs de l’éducation (+ 10 %), de l’agriculture (en particulier les conducteurs d’engins), alors que les destructions toucheraient surtout les tâches administratives, comme les services de compatibilité.
Ces derniers mois, les rapports se multiplient pour mesurer l’impact de l’IA sur l’activité. Dans une étude publiée fin mars, Goldman Sachs prévoit qu’aux Etats-Unis et en Europe, zones les plus touchées, près des deux tiers des emplois sont « exposés à un certain degré d’automatisation par l’intelligence artificielle ». Un quart d’entre eux pourraient être automatisés. La banque d’investissement américaine ajoute que, grâce à la seule augmentation de la productivité, le produit intérieur brut annuel de la planète pourrait s’envoler de 7 % ces dix prochaines années.
En collaboration avec l’université américaine de Pennsylvanie, OpenAI, la société qui développe ChatGPT, prédit que pour 19 % des métiers, en particulier ceux dont les salaires sont les plus élevés, au moins la moitié des tâches seront affectées par l’intelligence artificielle dite « générative ». « Le potentiel lié à de nouvelles découvertes, les changements de comportement et l’évolution technologique peuvent tous avoir une influence sur la précision et la fiabilité des prévisions », précisent toutefois les chercheurs.
« Gains d’efficacité »
Ces estimations sont fragiles et incertaines, tant l’adoption des nouvelles technologies est imprévisible. Dans son rapport, le Forum économique mondial constate que « les entreprises introduisent l’automatisation dans leurs opérations à un rythme plus lent que prévu » par rapport à ce qu’il anticipait en 2020. Les auteurs évoquent une automatisation à deux vitesses. « Si le remplacement du travail physique et manuel par des machines a ralenti, le raisonnement, la communication et la coordination − autant de traits qui confèrent à l’homme un avantage comparatif − devraient être davantage automatisés à l’avenir », écrivent-ils.
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