Présidentielle américaine : « Il sera essentiel pour Joe Biden que Kamala Harris sache convaincre l’électorat afro-américain »

Jamais le choix d’une vice-présidente n’a été aussi important dans une élection américaine. L’âge de Joe Biden (80 ans) est un handicap qui soulève une interrogation sur la possibilité, en cas de réélection en 2024, qu’il termine son mandat en bonne santé. Kamala Harris, qui pourrait être amenée à le remplacer, est-elle au niveau ? Sa compétence est réelle, en témoigne une longue carrière politique comme procureure générale et comme sénatrice de l’Etat de Californie. Mais saura-t-elle convaincre les électeurs, en particulier les démocrates afro-américains ?

Dans la courte vidéo, signée Biden-Harris, de lancement de sa campagne présidentielle, Joe Biden déclare : « Laissez-moi finir le job… C’est pourquoi je suis candidat à la réélection. » Une place de choix est réservée à sa colistière : elle apparaît douze fois dans la vidéo, dont cinq fois longuement à côté du président, et en présence de femmes blanches et noires, dont la juge Ketanji Jackson, première femme noire nommée à la Cour suprême.

Particulièrement ingrat, le poste de vice-président est traditionnellement l’objet de moqueries et de quolibets cruels. Dan Quayle, le vice-président de Bush père, était tourné en ridicule : « Tête d’aigle, mais court comme un poulet ! » Spiro Agnew, le vice-président de Richard Nixon, était moqué pour son anticommunisme primaire, ses insultes alambiquées et sa corruption (qui mit fin à sa carrière).

Par autodérision, John Adams, le premier vice-président dans l’histoire des Etats-Unis, auprès de George Washington, ne mâchait pas ses mots sur son poste, qui, disait-il, était « le plus insignifiant jamais conçu par l’homme ». Daniel Webster, sénateur et secrétaire d’Etat, refusa quant à lui d’être nommé vice-président en 1848, en déclarant : « Je ne cherche pas à me faire enterrer avant d’être mort ! »

Plus près de nous, l’impassible Mike Pence, figure figée derrière le bouillant Donald Trump, évita de peu le lynchage d’une foule en colère, lors de l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2020, par les partisans du président. A l’opposé de tels excès, les relations entre Barack Obama et Joe Biden, ce dernier vice-président à deux reprises, furent exemplaires : le second ne porta jamais ombrage à son patron, sauf une fois, lorsqu’il défendit le mariage entre personnes de même sexe, alors qu’Obama préférait simplement légaliser l’union civile entre homosexuels.

Difficile pour une métisse

Les origines mixtes de Kamala Harris – un père jamaïcain, une mère indienne élevée dans une famille brahmane de l’Etat du Tamil Nadu – ont contribué à lui forger une personnalité cosmopolite, brillante, généreuse et conciliatrice, selon le journaliste David Shribman, du Los Angeles Times, qui a documenté ses années de lycée au Québec, où elle séjourna avec sa mère et sa sœur, de 1976 à 1981. Mais l’expérience de cultures étrangères n’est pas nécessairement prisée aux Etats-Unis, où le local l’emporte sur l’international.

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