A Millau, près de dix-neuf ans après son ouverture, « le viaduc est devenu notre tour Eiffel à nous ! »

Une personne photographie le viaduc de Millau depuis l'aire d'accueil provisoire lors du premier week-end des grands départs en vacances, le 2 juillet 2005.

La barque serpente doucement au milieu des gorges, afin de permettre aux passagers d’admirer faune et flore environnantes. Quand tout à coup, apparaît l’ombre du géant. « Le voilà, le fameux viaduc de Millau ! Encore plus impressionnant vu d’en bas », s’exclame Ismaël, guide des Bateliers du viaduc, qui conduit la petite embarcation touristique sur l’eau. Le colossal ouvrage architectural aveyronnais, fait de béton et d’acier, relie le causse Rouge au nord, au causse du Larzac au sud, en enjambant les gorges du Tarn, sur près de 2,5 kilomètres de long et à 245 mètres de hauteur. Ses sept piles gigantesques, coiffées d’immenses haubans, se dévoilent sous les yeux émerveillés de Jérémie et de sa famille, à bord de la barque. « Dès notre arrivée, nos deux filles ne voulaient voir que lui », avance le Vendéen, venu pour la première fois, début juillet, en vacances à Millau.

Près de dix-neuf ans après son inauguration, celui qui est resté plusieurs années le plus haut et le plus long pont haubané au monde fait partie intégrante du paysage. Ouvert à la circulation le 16 décembre 2004, à l’issue de trois ans de travaux colossaux, il permet à l’A75 qui relie Clermont-Ferrand à Béziers de franchir les gorges du Tarn, et constitue le seul point d’accès payant de l’axe. Il a été financé entièrement par la compagnie privée Eiffage, à hauteur de 400 millions d’euros, qui est devenue il y a peu son actionnaire unique et dispose d’une concession jusqu’en 2079.

Désengorger Millau

Le projet s’est concrétisé au tournant des années 2000, après des décennies de débats pour trouver un moyen de désengorger Millau, assaillie chaque été par des embouteillages d’automobilistes sur la route des vacances. Avant lui, le détour par la ville située au fond de la vallée était obligatoire pour franchir la rivière, puis remonter et gagner l’autoroute sur le plateau du Larzac. Ainsi se formait le redoutable « bouchon de Millau », qui a longtemps détérioré l’image de la cité gantière. « C’était un calvaire, la nationale 9 était souvent bloquée par trois à quatre heures de bouchons », se souvient Pascal Aigouy, commerçant à Millau depuis trente ans et actuel patron du bar-restaurant Le Club.

Embouteillage à Millau le 3 juillet 2004 avant l’ouverture du Viaduc de Millau le 16 décembre 2004.

A l’époque, le projet de viaduc ne faisait pas l’unanimité. Les Millavois craignent de voir les touristes déserter le centre historique et la vallée défigurée par un ouvrage gargantuesque. Vingt ans après, les oppositions se sont dissipées. « Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que le pont, au-delà de son côté pratique, est magnifique et se fond parfaitement dans le paysage. Vous ne trouverez plus personne contre, sauf si vous annoncez qu’il va être démonté », assure Patrick Gineste, ancien commerçant. Retraité, il organise des rassemblements de passionnés de voitures anciennes qui s’amusent à recréer, à l’occasion d’une journée festive tous les deux ans, l’ex-bouchon dans la ville.

Il vous reste 66.28% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Comments are closed.