« JDD » : une reparution en préparation malgré une soixantaine de départs annoncés

Après la signature de l’accord mettant fin à une grève historique de quarante jours, le grand chassé-croisé a commencé au Journal du dimanche. Les annonces de départ se succèdent parmi la centaine de salariés qui ont protesté sans succès, pendant six semaines, contre la nomination de Geoffroy Lejeune, l’ex-directeur de Valeurs actuelles, à la tête de la rédaction du titre (propriété du groupe Lagardère, en passe d’être repris par Vivendi, contrôlé par le milliardaire Vincent Bolloré).

N’ayant pas obtenu gain de cause, au moins une soixantaine de journalistes en CDI, CDD et pigistes ont fait part aux ressources humaines de leur souhait de quitter l’entreprise avec une rupture conventionnelle, en s’appuyant sur l’accord paraphé le 1er août par la société des journalistes du JDD, les organisations syndicales et la direction de Lagardère News (le pôle média du groupe).

L’histoire se répète. En 2016, une centaine de journalistes avaient quitté i-Télé quand Vincent Bolloré en avait pris le contrôle, dans des conditions similaires, avant que cette dernière ne devienne CNews. Cinq ans plus tard, environ soixante-dix membres de la rédaction d’Europe 1 avaient également choisi de partir, en désaccord avec le virage éditorial qui s’annonçait, après que Vivendi fut devenu le premier actionnaire de Lagardère.

Au JDD, le nombre de départs risque de s’alourdir d’ici au 15 octobre, date limite fixée pour profiter de l’accord correspondant à deux mois de salaire par année d’ancienneté jusqu’à quinze ans de présence, puis un mois par année supplémentaire. « Il y a encore des salariés du JDD qui souhaiteront entamer les procédures à leur retour de congés et d’autres pigistes qui se signaleront dans les semaines à venir », sont persuadés plusieurs journalistes qui ont requis l’anonymat. Alors qu’ils ne veulent pas associer leurs signatures à celle de M. Lejeune, proche d’Eric Zemmour et de Marion Maréchal, ni écrire une ligne sous sa direction, les journalistes souhaitant quitter l’entreprise bénéficient aussi d’une dispense d’activité pendant trois semaines qui pourra être complétée par des congés payés, dans l’attente de leur départ effectif.

La piste d’un projet concurrent

Samedi à la mi-journée, les journalistes du JDD ont tenu une nouvelle assemblée générale à distance, durant laquelle ils ont échangé sur les pièges à éviter avant de signer leur départ. Dans les prochaines semaines, ils comptent mettre sur pied une association et prévoient d’organiser une fête des anciens du JDD dans la deuxième moitié de septembre, une soirée ouverte à tous ceux qui le souhaitent. « On a constitué un collectif incroyable et on veut lui rendre hommage. Notre combat s’est terminé par un échec, mais on veut continuer à porter la question des garanties d’indépendance éditoriale », explique Bertrand Gréco, coprésident de la SDJ du titre.

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