La succession de Pierre Cardin provoque une bataille judiciaire entre ses descendants

Pierre Cardin dans un magasin de son groupe, à Paris, le 26 avril 2016.

La succession du couturier Pierre Cardin, mort fin décembre 2020, fait l’objet d’une enquête, a appris l’Agence France-Presse (AFP) jeudi 3 août de source judiciaire. La procédure a été ouverte après une plainte des petites-nièces Cardin déposée en mars pour abus de faiblesse, abus de confiance aggravé, escroquerie, faux et usage de faux, a précisé cette source, confirmant une information de Challenges.

Selon le magazine économique, les petites-nièces, soutenues par la plupart des descendants Cardin, reprochent à Rodrigo Basilicati-Cardin, le petit-neveu du couturier, de bloquer la vente du groupe. Ce dernier en est devenu le directeur général en octobre 2018 puis président en novembre 2020, un mois et demi avant la mort de Pierre Cardin le 29 décembre 2020 à l’âge de 98 ans.

Pierre Cardin, qui n’a pas eu d’enfants, a laissé un riche patrimoine : une holding et des filiales, des licences, des marques, ainsi que des biens immobiliers notamment à Paris et dans le Vaucluse. L’actif du groupe est estimé entre 750 et 800 millions d’euros selon les propositions de rachat, a précisé à l’AFP Jean-Louis Rivière, l’avocat des petites-nièces.

Dans une des plaintes, les petites-nièces contestent les conditions dans lesquelles M. Basilicati-Cardin a pris la tête de la holding. Leurs doutes portent sur la validité de l’acte de cession de parts qu’aurait signé leur grand-mère Giovanna Cardin, quelques jours avant sa mort en mars 2000 à l’âge de 97 ans. « Rodrigo Basilicati-Cardin est dans une situation d’autodésignation. Pour des raisons exclusivement personnelles, il veut se débarrasser des héritiers », dénonce leur avocat.

Celles-ci contestent également la validité d’un testament signé par Pierre Cardin en novembre 2016 produit par Rodrigo Basilicati-Cardin et le désignant comme unique héritier. Il s’agit d’« une tentative de spoliation d’héritage » par le biais de « manœuvres douteuses voire éventuellement frauduleuses », considère Me Rivière.

« Allégations mensongères »

M. Basilicati-Cardin a retrouvé ce document en 2022 dans l’immeuble parisien de son grand-oncle. Une découverte « opportune » au lendemain d’une offre de rachat du groupe avec laquelle « l’ensemble des héritiers, représentant 85 %, étaient d’accord », souligne Me Rivière. Ce « testament aurait dû être trouvé pendant l’inventaire » réalisé après la mort du couturier, « mais au moins il m’a permis de connaître ma famille », raille en retour M. Basilicati-Cardin. Des procédures civiles sont en cours notamment sur la validité de ce testament.

Rodrigo Basilicati-Cardin a répliqué aux mises en cause le 21 juin par une plainte avec constitution de partie civile pour diffamation. « Certains membres de la famille, qui n’acceptent pas que Pierre Cardin m’ait désigné pour lui succéder, multiplient les procédures et essaient de mobiliser la presse, avec des allégations mensongères qui n’ont pour seul but que de me nuire et de nuire au groupe », dénonce-t-il.

Pierre Cardin « a exprimé de son vivant sa volonté que je lui succède et en dix ans il a fait un certain nombre d’actes conséquents jusqu’au testament », se défend M. Basilicati-Cardin. « Mon but, c’est de relancer la marque, pas de la vendre, c’était la volonté de mon oncle », ajoute-t-il, rappelant avoir travaillé plusieurs années aux côtés du couturier.

Le Monde avec AFP

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