À cinq mois des Européennes, l’annonce du président du Conseil européen Charles Michel de quitter ses fonctions après les élections rebat les cartes au sein des institutions de l’Union européenne et relance les spéculations sur l’avenir de l’autre figure dirigeante de l’UE, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
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La course aux postes européens de premier plan est déjà lancée : la décision inédite du président du Conseil européen Charles Michel de quitter prématurément ses fonctions, dès juillet, bouscule le calendrier et soulève d’épineuses questions autour de sa succession.
L’ancien Premier ministre belge de 48 ans, qui préside depuis quatre ans les réunions des chefs d’État ou de gouvernement des 27 pays de l’UE, voyait son mandat actuel s’achever en novembre prochain.
Il a décidé de préparer son avenir, en se présentant aux élections au Parlement européen. Prévues du 6 au 9 juin, elles déboucheront sur un renouvellement des têtes des principales institutions de l’UE qui doit refléter l’équilibre politique issu du scrutin.
Cette annonce vient renforcer l’attente autour des intentions de l’autre figure dirigeante de l’UE, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, à qui de nombreux observateurs prêtent la volonté de briguer un nouveau mandat.
Charles Michel, qui mènera aux Européennes la liste du Mouvement réformateur (MR, parti libéral francophone), compte exercer sa “fonction de président du Conseil européen jusqu’à (sa) prestation de serment comme député européen, qui aura lieu le 16 juillet”.
Tout sauf Orban
Il a assuré que ses fonctions étaient compatibles avec le fait de mener une campagne pour se faire élire au Parlement européen : “C’est exactement la même situation qu’un Premier ministre ou un président (d’un pays membre) en campagne électorale”, a-t-il dit lors d’un point de presse par visioconférence.
À propos des conséquences de son départ prématuré, qui a soulevé des critiques, il a rappelé que son successeur devait être désigné par le Conseil européen en juin, et que les dirigeants pouvaient très bien “décider d’anticiper la prise de fonction” du nouveau titulaire du poste pour éviter tout risque de vacance.
“Si tout va bien, les nominations des ‘top jobs’ peuvent tout à fait être décidées au Conseil européen de fin juin”, estime aussi un officiel européen, qui s’interroge toutefois sur la capacité de Charles Michel à “faire campagne, et surtout à présider le Conseil européen après l’élection de début juin”.
Si un successeur n’était pas trouvé, les procédures européennes prévoient, en cas de fin de mandat lié à un “empêchement”, que le président du Conseil européen soit remplacé temporairement par le dirigeant européen dont le pays assure la présidence semestrielle du Conseil de l’UE (c’est-à-dire dirige les réunions européennes au niveau des ministres).
Or en juillet, c’est le Premier ministre hongrois nationaliste Viktor Orban, familier des diatribes anti-UE et seul dirigeant parmi les 27 à avoir maintenu des liens étroits avec le Kremlin à la suite de l’offensive de la Russie contre l’Ukraine, qui sera dans cette position.
Charles Michel a toutefois indiqué qu’il était possible de “changer (ces dispositions) à la majorité simple”. “S’il y a une volonté d’éviter Viktor Orban, il y a différentes options possibles”, a-t-il dit.
“Une prise de risque personnelle”
L’eurodéputée néerlandaise Sophie in’t Veld, issue de Renew Europe (centristes et libéraux), la même famille politique que celle de Charles Michel, a fustigé ce départ annoncé.
“Le capitaine quitte le navire au milieu d’une tempête. Si c’est là le peu d’intérêt que vous portez au sort de l’Union européenne, quelle est votre crédibilité en tant que candidat ?”, a-t-elle écrit sur X (ex-Twitter).
Charles Michel a quant à lui défendu son choix de se présenter devant les électeurs comme un “exemple” et “une prise de risque personnelle”.
“Il serait très confortable pour moi d’attendre jusqu’à décembre, de ne pas être candidat, de ne pas rendre des comptes (…) et d’essayer de négocier en coulisse un rôle pour l’avenir”, a-t-il affirmé, sans dire s’il visait, au-delà de son élection comme eurodéputé, un autre “top job”, comme la présidence de la Commission européenne.
Il a précisé avoir informé samedi les dirigeants européens de sa décision, ajoutant que “la plupart avaient réagi positivement”.
Le Belge avait été choisi en juillet 2019 pour succéder au Polonais Donald Tusk à la présidence du Conseil européen, institution réunissant les chefs d’État ou de gouvernement des États membres, lors de la distribution des “top jobs”. À ce titre, il est notamment chargé depuis quatre ans de diriger les travaux des sommets de l’UE.
Les députés européens, qui seront 720 à l’issue du scrutin de 2024, sont élus au suffrage universel direct pour une durée de cinq ans.
Avec AFP
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