La mort de Vo Van Ai, militant des droits de l’homme et de la liberté religieuse au Vietnam

Défenseur infatigable des droits de l’homme au Vietnam et du bouddhisme, poète et auteur, connu en France pour avoir lancé la campagne « Un bateau pour le Vietnam » à la fin des années 1970 en faveur des boat people fuyant le nouveau régime communiste, Vo Van Ai est mort le 26 janvier, à Paris, des complications d’une opération du cœur. Il avait 88 ans.

Son action militante tout au long de son exil en France s’est réalisée à travers deux organisations qu’il a fondées après la chute de Saïgon en 1975 : le comité Vietnam pour la défense des droits de l’homme et la revue Quê Me : Action pour la démocratie au Vietnam, tirée dans une imprimerie qu’il a ouverte à Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Consacrée aux droits de l’homme, à la démocratie et à la culture vietnamienne, Quê Me (qui signifie « terre natale ») aura une influence considérable dans la diaspora vietnamienne, mais également au Vietnam, où elle est diffusée sous le manteau.

Vo Van Ai a été l’un des premiers, à travers son ONG, à révéler les campagnes de répression du Parti communiste vietnamien, en établissant en 1978 une carte du « goulag » de son pays, où figurent quelque 150 camps de rééducation. La même année, en novembre, bouleversé par le sort de 2 500 réfugiés vietnamiens affamés sur un cargo, le Hai-Hong, à qui les autorités d’Indonésie puis de Malaisie refusent la permission d’accoster, il lance une campagne pour affréter un navire, Ile de lumière, qui sera envoyé au secours de boat people.

Des actions de soutien à l’indépendance

Son initiative se heurte aux réticences d’une partie de la gauche française qui a milité contre la guerre du Vietnam : il sera même la cible de mesures d’intimidation de la part de la mairie communiste de Gennevilliers et d’une tentative, ratée, d’incendie de son imprimerie. Mais il parvient à rallier les soutiens d’André Glucksmann, d’Olivier Todd, le rédacteur en chef de L’Express, de Lionel Jospin, d’Yves Montand et de Simone Signoret, ainsi que de Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre. C’est l’époque où les encarts « A l’aide, un bateau pour le Vietnam », montrant le visage d’une enfant et d’un cargo en perdition, fleurissent dans la presse française : la campagne a un énorme impact en France, où seront accueillis de nombreux demandeurs d’asile vietnamiens.

Vo Van Ai est né le 19 octobre 1935 (sa date de naissance administrative est toutefois 1938) dans les montagnes du nord du Vietnam, où avait été envoyé son père, télégraphiste dans l’administration coloniale française. Il grandira à Huê, l’ancienne capitale impériale, dans le centre du pays, dont sa famille est originaire. Il fait partie d’un mouvement de la jeunesse bouddhiste qui soutient en secret l’indépendance.

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