Publié le 28 juil. 2022 à 18:32Mis à jour le 28 juil. 2022 à 18:40
Réjouissance prudente. Crédit Mutuel a présenté ce jeudi « les meilleurs résultats semestriels » de son histoire, a assuré Nicolas Théry, le président de la banque mutualiste. Le produit net bancaire (PNB) est ressorti en hausse de 7,5 %, à 8,5 milliards d’euros, tandis que le résultat net a progressé de 2,2 %, à 2,1 milliards sur les six premiers mois de l’année.
Un résultat dopé par l’intégration de Crédit Mutuel Nord Europe en janvier dernier, de Crédit Mutuel Investment Managers et de CIC private debt au sein de l’Alliance fédérale. A périmètre constant, le PNB ne progresse que de 1,8 % et le résultat net se replie de 0,8 %.
Ce semestre montre « l’efficacité opérationnelle des investissements réalisés dans le passé, s’est félicité Nicolas Théry. Notre coefficient d’exploitation est en léger retrait à 61,1 % mais il reste parmi les meilleurs du pays ». La banque est en effet parvenue à contenir la hausse de ses frais généraux à 3 % entre janvier et juin, par rapport à la même période l’année passée.
Hausse du coût du risque
Pour autant, cela ne l’empêche pas d’adopter une posture « prudente » pour les mois à venir en raison du contexte économique et géopolitique, a expliqué Daniel Baal, le directeur général de la banque. Le coût du risque, qui représente les provisions financières faites par le groupe pour parer d’éventuels impayés, a presque triplé par rapport à 2021, passant de 188 millions d’euros à 470 millions sur le premier semestre.
« Cela nous place encore à des niveaux inférieurs à la période pré-covid, rappelle Daniel Baal. Mais c’était une nécessité dans le contexte actuel et cela nous permet de faire face avec sérénité à l’avenir. Nous avons encore un peu de marge ».
Le groupe mutualiste assure ne pas avoir revu ses prévisions pour le reste de l’année. Le taux de créances douteuses du groupe est d’ailleurs en baisse à 2,5 % à juin 2022, contre 2,8 % en juin 2021. Le taux de couverture s’établit, lui, à 50,1 %.
Les assurances en berne
Les nouvelles provisions réalisées ne concernent en tout cas pas le crédit immobilier, sur lequel la banque n’observe aucune dégradation de la solvabilité, assure encore Daniel Baal. Une bonne nouvelle étant donné que la machine à crédit a tourné à plein depuis le début de l’année : la banque a enregistré une croissance de 9,5 % de ses encours de crédit immobilier, à 248 milliards d’euros.
Par comparaison, le taux de croissance moyen de l’encours de crédit à l’habitat en France est d’un peu plus de 6 %, selon les chiffres de la Banque de France.
Cependant, la banque s’attend à une moins bonne performance au second semestre sur ce métier. En cause, le taux d’usure qui risque de bloquer un certain nombre de dossiers. « La pression commence à être de plus en plus aiguë, a dit Daniel Baal. On a régulièrement des dossiers qui ne passent pas. C’est parfois injuste. »
A l’inverse du crédit immobilier, le métier d’assurances a particulièrement souffert sur le semestre et se replie de 19,8 %. En cause notamment, une forte hausse de la sinistralité liée notamment aux épisodes de grêle en France, ainsi qu’aux incendies.
« Le réchauffement climatique se voit directement dans les comptes », a souligné Nicolas Théry. Les charges sur les événements naturels sont en effet passé de 65 millions d’euros au premier semestre 2021 à 211 millions à la même période cette année.